Cinéma

Fleur de peau, fleur de ville ? – sur Nino de Pauline Loquès

Critique

Le premier long-métrage de Pauline Loquès concentre ses enjeux sur la parole et l’expressivité paradoxale de son comédien. En dépit de ses qualités de dialogues et d’interprétation, il lui manque sans doute un regard plus personnel et affirmé sur le Paris contemporain, qui à l’instar de son modèle (Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda) aurait permis de nourrir encore plus d’écho entre sa sensibilité à fleur de peau et la plasticité de la capitale.

Nino, vendredi soir, lundi matin, serait-il le petit frère de Cléo de 5 à 7 (parrainage prestigieux) ? Ou alors plus prosaïquement du « Klapisch avec un cancer » (compliment ? pas compliment ?). Le premier long-métrage de Pauline Loquès oscille entre ces deux pôles.

publicité

Côté Varda, une promenade du jeune homme avec la mort durant un étrange week-end existentiel : venant d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer, il vogue de rencontre en rencontre, continue à vivre comme un bouchon au fil de l’eau, fête son anniversaire l’air de rien, taisant sa sourde inquiétude, mais laissant entrevoir une mue intérieure. Côté Klapisch, un attendrissement nostalgique assez attendu (le regard ému sur les photos de classe et les vieux sweats qu’on n’arrive plus à enfiler) et l’accompagnement musical estampillé bon goût 2025 (Foals, Fontaines D.C).

Entre un parcours tout en anxiété retenue et la séduction facile des signes d’époque, de quel côté penche la balance ? Eh bien, le film assume de trouver son équilibre en jouant sur ces deux tableaux. Il n’est qu’un instantané, plutôt enlevé et bien écrit avec les charmes et les limites d’un tel exercice de style visant un ton de « gravité légère » ou de « légèreté grave », c’est selon. C’est un portrait à double focale. Derrière celui du jeune homme sur qui rien ne semblait jusqu’alors peser ni poser, et qui ne trouve pas comment évoquer le mal qui vient de l’atteindre, se dessine en filigrane le portrait d’une génération qui arbore les signes de l’insouciance, mais aurait sans doute quelque chose de plus fondamental à exprimer. Une douleur ? Une révolte ? Encore faudrait-il parvenir à la formuler.

Si le récit recourt d’emblée à l’artefact de l’annonce fatale et du suspens médical, c’est aussi pour donner plus de corps au motif rabâché du « portrait d’avant le couperet de la trentaine », balise où l’âge des possibles se transforme en âge des grands sauts (avec qui s’installer, avoir des enfants, …).

D’où, au-delà de la ligne on ne pe


Rayonnages

CultureCinéma