Art contemporain

Eva Nielsen : « Ce qui me touche c’est de voir comment les œuvres se dévoilent »

Critique d'art

Nominée au Prix Marcel Duchamp 2025, Eva Nielsen revient sur son travail dans l’exposition collective au Musée d’Art Moderne de Paris. Au cœur de celui-ci, la question des paysages et de leur traversée, de la figure spectrale de l’art et du processus de création, en strates superposées qui s’hybrident et dialoguent.

Un moment d’incrédulité saisit la plupart du temps les spectateurs devant une œuvre d’Eva Nielsen. Une part du questionnement est portée par le mystère de la technique et des matériaux, comme cela est fréquemment le cas avec la peinture, une autre concerne les lignes de fuite, de même que l’étrange familiarité qui nous saisit au devant de l’image.

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C’est exactement les sentiments qui peuvent nous habiter lors de la visite de l’exposition des artistes nominés pour le Prix Marcel Duchamp 2025 au sein du Musée d’art Moderne de Paris. Prenant littéralement racine – l’exposition est au sous-sol – dans le Musée, le dialogue prend immédiatement forme, entre regard rétrospectif sur la peinture et voisinage évident avec Matisse et Monet. L’artiste nous rappelle aussi les absentes comme elle se dévoile sous les traits de Rauschenberg ou par références aux « mythologies quotidiennes ». Cela se prolonge à travers un faisceau de filiation qui construisent son histoire de la peinture. Enseignante aux Beaux-Arts de Paris, son œuvre est tout entière portée par un souci de transmission ici mis en mot mais aussi mis en espace et en couleur au sein de l’institution parisienne.

La figuration est partout vivante dans l’œuvre d’Eva Nielsen, et cela à travers une superposition et un montage de fragments de réel. Travaillant à partir de médiums disparates et multiples, son approche est aussi celle d’une perspective réinventée qui place au cœur du projet les lignes de fuites, se faisant de nouveau l’écho d’une histoire de l’art en mouvement. Cette « autre figuration » réclame au spectateur de s’adapter, exige de l’œil qu’il fasse le point, impose à notre corps de nous déplacer autrement et de repenser, comme cela pouvait être le cas avec Magritte, les échelles de grandeurs et les rapports de causalité.

On peut se demander, au sein de l’exposition The Rift au MAMVP si les œuvres travaillent par allusion, ou si, par le biais de l’usage photographique ou encore de la sérigraphie, elle


Léo Guy-Denarcy

Critique d'art