Dans le sillage du paléolibertarianisme, les Apocalypse Nerds
Avec quelle paire de lunettes lire le « plan global pour mettre fin au conflit à Gaza », annoncé en fanfare par Donald Trump fin septembre ? Il y a ceux qui verront le verre à moitié plein : le 8 octobre, Israël et le Hamas ont accepté de signer la première phase du document, qui prévoit un cessez-le-feu et la libération des otages retenus dans l’enclave ainsi que celle des prisonniers administratifs palestiniens.

Et puis il y a les autres, attentifs aux vingt points du plan américain. Sans indiquer de calendrier, celui-ci prévoit de transformer Gaza en « zone économique spéciale, avec des droits de douane préférentiels et des taux d’accès à négocier avec les pays participants » (point 11), inspirée de « certaines des villes modernes florissantes du Moyen-Orient » (point 10). Mais aussi d’y installer une « autorité transitoire technocratique et apolitique », placée sous la supervision d’un « Conseil de la paix », présidé par Donald Trump lui-même, qui « définira le cadre et gérera le financement de la reconstruction de Gaza jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne ait terminé son programme de réformes » (point 9).
Cette feuille de route a déjà été fantasmée par Benjamin Netanyahou : en 2024, le bureau du Premier ministre a planché sur « Gaza 2035 », un document de neuf pages qui traçait les contours d’une zone économique spéciale sise entre Gaza, le port égyptien d’al-Arish et la ville israélienne de Sderot. Dans une vue d’artiste élaborée grâce à l’intelligence artificielle, on pouvait y entrevoir le projet de l’État hébreu : une langue de terre prospère, parsemée de gratte-ciels que ceinturent des terres arables et des supertankers. Le peuple, lui, y était invisible, tout comme il manquait au business plan élaboré en 2020 par Jared Kushner, le gendre de Donald Trump. « Peace to Prosperity » (de la paix à la prospérité) prévoyait lui aussi d’ériger un gigantesque complexe immobilier sur ce territoire de 365 km².
À ces égards, le programme gazaoui du présid
