Europe

Qui va gouverner l’UE (et qu’est-ce que cela pourrait changer) ?

Politiste

La Commission européenne vient de publier la liste des Commissaires, dont elle devrait annoncer très prochainement la répartition des portefeuilles. Une liste qui, dans la continuité des élections de mai dernier, traduit la transformation des équilibres au sein des différentes institutions et annonce surtout certains changements, comme l’apparition d’une sorte de classe politique fédérale qui circule davantage entre les postes de l’UE.

Des élections européennes mises en scène sous la forme dramatique de l’alternative entre le chaos ou le sursaut, puis la proposition et l’investiture toutes deux controversées de la nouvelle présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen : l’actualité de l’UE a été particulièrement chargée avant l’été. Alors que la liste des commissaires européens vient d’être publiée, et qu’on devrait connaître demain les attributions précises, où en est-on de la formation du « gouvernement de l’UE » et que peut-on en attendre ? Cette question n’est simple qu’en apparence.

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Le « système politique de l’UE » est tout d’abord loin de correspondre à ce que nous connaissons des démocraties représentatives (ce qui ne veut pas dire que la démocratie y est absente) ; conçues comme un lieu de fabrication de politiques communes, les institutions européennes n’ont pas été faites pour incarner et amplifier les tendances, mais au contraire les amortir, ce qui implique une autre grille de lecture que celle dictée par nos automatismes politologiques. Surtout, il se pourrait bien que l’élément le plus « révolutionnaire » de ce qui se dessine réside contre toute attente dans la forte… permanence du noyau dur des équipes dirigeantes de l’UE. Assiste-t-on, de ce point de vue, à la formation d’une classe politique européenne de type fédéral et est-ce annonciateur d’un tournant ?

Un bref rappel

Commençons, pour le comprendre, par ajuster nos lunettes et éviter quelques malentendus. Dans la fièvre des dernières semaines des élections européennes se sont imposés des mots d’ordre visant à naturaliser des clivages politiques comme nationalistes/progressistes, anti-système/oligarque et installer la croyance en un présupposé majoritaire selon lequel le futur gouvernement de l’UE serait une émanation directe des élections. Une telle représentation du « système politique de l’UE » (le mot lui-même pose en réalité problème) est probablement un efficace argument de mobilisation électorale (qui fut


Didier Georgakakis

Politiste, Professeur de science politique à l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne

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