L’Italie de Salvini
L’Italie est le pays qui, en Europe, lit le moins de livres et de journaux, le pays qui connaît le plus fort taux de décrochages scolaires, le plus faible nombre de diplômés, d’ingénieurs, de scientifiques, d’enfants. Le pays dont les investissements pour l’école et la culture sont minimes. Seul un enfant sur quatre trouve une place en maternelle. L’Italie, surtout au Sud, se vide de ses jeunes et de ses intellectuels : tous les indices de croissance sont à zéro ou en dessous de zéro. L’écart entre l’Italie méridionale et l’Europe est toujours plus profond, parfois abyssal. Impossible à combler.
La photographie, en cette fin d’été 2019, du pays conduit par la Ligue raciste de Salvini et ses complices inexpérimentés Cinq Étoiles livre à la postérité et au nouveau gouvernement – accouché en urgence par le nouveau couple de centre-gauche et du Mouvement Cinq Étoiles pour faire obstacle à la marée noire et délirante de l’extrême droite – un pays vieilli sans sagesse, une sénilité coléreuse pleine de désillusions devant les promesses vides qui lui ont été faites durant le ventennio berlusconien brisé sur les affaires judiciaires du magnat de la télévision.
Salvini et le peuple Cinq Étoiles, d’une manière ou d’une autre, sont les fils de Berlusconi. Le pire de cette longue saison d’intérêts privés et de misérables histoires para-sexuelles a pris racine dans cette anthropologie italienne inédite secouée de frissons fascistes, de violence xénophobe, de peur envers n’importe quel type de diversité : l’emportement contre les lois et la Constitution, la haine pour la culture et les formes de connaissance qui en sont issues, la marginalisation de toute compétence, le désir d’illégalité, d’avoir les mains libres, l’urgence de confier son destin à l’oint du Seigneur, à l’homme fort. À un duce.
Les quatorze mois de gouvernement de la Ligue et des Cinq Étoiles représentent le moment le plus vil et le plus cruel de l’histoire républicaine italienne.
Quel découragement de