Des terroristes qu’on abat
Il semble que les différentes puissances occidentales présentes en Syrie et Irak n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la signification et l’importance qu’il convient d’accorder à la mort du chef de l’organisation terroriste dite État Islamique. Pour les États-Unis d’Amérique, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’une victoire majeure sur l’adversaire qui avait justifié la mise sur pied d’une importante coalition au Levant.

Cet immense criminel, fut le commanditaire d’actes de terrorisme d’une rare ampleur, en particulier sur le sol français en 2015, comme ceux du 13 novembre au Stade France et au Bataclan, meurtrissant irrémédiablement des centaines de familles. Il fut dans le même temps le chef d’un règne barbare et profondément pervers sur le territoire qu’il avait conquis abreuvant les écrans un monde entier d’images des supplices qu’il infligeait à ses victimes.
Sa mort va, comme celle d’Oussama Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda, soulever sans aucun doute d’importants débats, au demeurant légitimes, sur les fondements d’une telle exécution. Par delà ces questions, ce raid et cette mort doivent nous interroger sur nos manières de faire la guerre. À n’en pas douter, la mort de Ben Laden fut un instrument de désengagement des américains d’Afghanistan et celle d’Al Baghdadi est déjà inscrite dans le plan de communication trumpien d’abandon par les Américains du théâtre d’opérations du Levant.
En filigrane, on trouve l’idée que faire la guerre pourrait se conclure par la mort d’une personne comme dans un film d’action classique où l’ensemble du mal et du désir de destruction seraient portés par un seul individu. C’est pourquoi, il est nécessaire de saisir cette occasion de réfléchir à cette opération militaire qui vient d’avoir lieu et qui nous interroge directement sur ce que nous imaginons et ce que nous souhaitons comme guerre, quand bien même nous nous efforcerions de ne pas être bellicistes.
De l’opération en elle-même on ne sait encore pas grand chose ; il est