Marseille : effondrement et survivance du système municipal
L’effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne, dans le quartier populaire de Noailles tout à côté de la Canebière, a marqué un tournant dans la vie politique et un renouveau des mobilisations citoyennes marseillaises. Des collectifs comme le Collectif du 5 novembre – Noailles en colère se sont créés dans les jours qui ont suivi le drame. D’abord pour soutenir et aider les familles des sept victimes puis pour faire face aux relogements, apporter un soutien matériel et mobiliser des réseaux de solidarité.

Au fil du temps l’action de ces collectifs s’est transformée, politisée. Des collectifs citoyens nés avant le drame et ceux initiés après sont aujourd’hui partie prenante des recompositions politiques qui émergent, notamment à gauche : le Printemps marseillais d’un côté, qui regroupe une alliance originale de formations politiques et de citoyens, et le Pacte démocratique, plus ancré dans l’organisation d’une alternative citoyenne.
Pour autant, ce sursaut de vitalité dans la militance marseillaise croise des évolutions structurelles du milieu politique : le dernier mandat de Jean-Claude Gaudin correspond à un changement générationnel du personnel politique et l’érosion d’un modèle de gouvernance urbaine. D’autre part, des changements profonds sont en cours au sein de l’administration municipale : le syndicat Force ouvrière (FO) est en train de perdre sa toute-puissance dans les urnes et son statut de syndicat « co-gestionnaire » tandis que le fonctionnement des services municipaux est en pleine réorganisation suite à des enquêtes judiciaires en cours. Bref, le feu couvait depuis des mois au sein de la Mairie et l’effondrement des immeubles à Noailles a été un brasier politique.
Je fais l’hypothèse que l’ampleur des réactions populaires face au drame du 5 novembre 2018 et notamment l’organisation en désormais puissants collectifs citoyens a percuté de plein fouet une administration municipale fonctionnant au ralenti (absence de leadership politique) et déjà ébr