Autour du ring – à propos de Shadow Box de George Plimpton
George Plimpton n’était ni une brute, ni un truand. Pourtant, en 1959, ce journaliste filiforme d’une trentaine d’années monte sur un ring pour affronter à New York le champion du monde de boxe poids mi-lourds, Archie Moore, qui lui règle son compte en trois rounds. En contrepartie, à l’issue de son échec, le milieu pugilistique adoube Plimpton et lui témoigne du respect ; dorénavant, il aura ses entrées partout. Il a relevé ce challenge pour la beauté du geste, le plaisir de la plume et au nom du « journalisme participatif », un genre qu’il affirme avoir créé.
Dans Shadow Box, publié en 1977 aux États-Unis mais jusqu’ici inédit en français, George Plimpton raconte ce simulacre de combat contre Moore. Le récit a l’esprit du journalisme gonzo, mais le ton est moins baroudeur, plus ludique, et le résultat moins narcissique. Plimpton fait preuve d’autodérision et laisse le gilet mille poches au vestiaire. Depuis l’enfance, prévient-il, il peut faire glisser sa montre « du poignet au coude », une complexion a priori peu adaptée à la confrontation avec un champion de boxe. Il saigne facilement du nez et souffre aussi d’une affection que les médecins appellent une « réaction sympathique » : lorsqu’on le frappe, il pleure.
Voici donc George Plimpton dans la peau d’une espèce de Woody Allen dépassé par les événements. Il avait pourtant en magasin d’autres expériences sportives, rédigées pour l’hebdomadaire Sports Illustrated : lanceur contre les Yankees de New York, gardien de but de l’équipe de hockey sur glace de Boston, quarterback dans l’équipe de football américain de Detroit. Ne se limitant pas au seul domaine sportif, Plimpton a aussi joué du triangle au sein du New York Symphonie Orchestra dirigé par Leonard Bernstein. Tissé de digressions et de souvenirs, le texte de cet homme délicieux qui fréquentait Ernest Hemingway, Norman Mailer, Tennessee Williams, etc., relève autant d’un témoignage sur le monde de la boxe que d’un tableau des États-Unis des ann