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Jean-Marie Delarue : « Non, la sécurité n’est pas la première des libertés »

Journaliste

Lundi se tiendra à Paris la conférence européenne « Nouveaux dissidents, nouveaux résistants. Défendre les libertés publiques », dont AOC est partenaire. Parmi les nombreux intervenants, le conseiller d’État Jean-Marie Delarue, qui fut tour à tour directeur des libertés publiques, Contrôleur des lieux de privation de liberté et, jusqu’à très récemment, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme.

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Conseiller d’État, Jean-Marie Delarue est une grande voix de la lutte pour les libertés publiques. Il travaille et alerte inlassablement, avec intransigeance, à propos de toutes les dérives qu’il constate en la matière depuis plusieurs années. Mais aujourd’hui, celui qui fut directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’intérieur de1994 à 2001, Contrôleur général des lieux de privation de liberté de 2008 à 2014 et, brièvement, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme en 2019, estime qu’une nouvelle étape a été franchie. Les libertés publiques n’ont jamais été aussi fragilisées. Tétanisés par l’opinion, les responsables politiques apparaissent toujours plus obnubilés par l’exigence de sécurité à propos de sujets comme le terrorisme, les politiques migratoires, le maintien de l’ordre public mais aussi la lutte contre la haine sur Internet. Les actualités récentes en ont encore apporté la preuve, sur ces sujets les enjeux de libertés publiques sont marginalisés, et les citoyens ne semblent pas s’en soucier. Pourtant, nos démocraties sont fragiles. RB

Évoquer les libertés publiques dans le contexte actuel, c’est d’abord poser la question des violences policières. L’exécutif a été contraint récemment par la voix du président de la République, du Premier ministre et du Ministre de l’Intérieur, de répondre aux nombreuses interpellations publiques à propos de l’évolution de la doctrine comme de la pratique du maintien de l’ordre. Quel regard portez-vous sur le débat actuel ?
Il faut évidemment s’interroger sur les violences policières, mais il me semble que c’est une façon un peu réductrice de voir les choses. Il est en effet important de remonter un peu en amont afin de saisir, d’une part, quelles sont les occasions de conflit ; d’autre part, quels sont les attributs du maintien de l’ordre, ce qu’on donne comme ordres aux forces de l’ordre ; et enfin, la place qu’occupe la police dans le système gouv


Raphaël Bourgois

Journaliste

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