écrivain, en plusieurs mots
À l’occasion d’une leçon de littérature, qui m’avait été commandée par la Région Île-de-France, je me suis demandée comment définir un écrivain, en plusieurs mots.
Des mots qui déclinent ce que signifie pour moi être écrivain.
écouter est mon premier mot.
Écouter n’est pas un état passif, mais un acte qui demande du courage, et un engagement. Cet engagement, c’est l’un des fondements de l’écriture. Avant d’écrire, pour écrire, tout écrivain commence par écouter.
Par écouter, et simultanément par observer.
Une écoute qui est un regard. Un regard qui est une écoute.
C’est le début d’une vie d’écrivain ; c’est notre début à tous.
enfant est mon deuxième mot.
Écouter, regarder, c’est l’état d’enfance d’où nous venons. C’est la vie des petits, que trop souvent ils oublient, en devenant grands.
Souvenons-nous de l’attention passionnée avec laquelle les nouveaux-nés écarquillent les yeux sur le monde. Souvenons-nous de la gravité originelle de ce regard, avant que des regards plus séducteurs ne lui succèdent, destinés à produire l’attention, l’amour, l’obéissance, le rire.
Souvenons-nous d’E. T., l’alien du film de Steven Spielberg.
alien est mon troisième mot.
Avec sa tête énorme, et son corps maigrichon, E. T. débarque sur une planète inconnue, exactement comme le nourrisson, à sa naissance, se retrouve projeté dans un monde étranger, étrange.
E. T. écarquille ses énormes yeux bleus pour tout observer, tout deviner, tout comprendre. Il en va de sa survie de décrypter la langue étrangère des humains, des animaux, des peluches, des objets. Alors E. T. écarquille ses yeux globuleux ; il se concentre ; il observe ; il scanne.
E. T. observe en se dissimulant des adultes – les grands qui ne le voient pas, à l’image de la mère d’Elliott, seule à ignorer la présence pourtant encombrante d’E. T. devant le frigidaire de la cuisine, où le lait se répand par terre.
Comme E. T., les écrivains sont des aliens. Ils obéissent en surface aux règles de la vie « normale » d’adultes en soc