Dystopie du confinement – sur Shining de Stanley Kubrick
Le cinéma a toujours été prolixe sur les sujets qui nous mobilisent en ce moment. Question pandémie, on pourrait citer Contagion, Epidemic, Virus, Pandémie, Mauvais sang, Rage, Les Oiseaux… et rayon confinement, tout film de lieu plus ou moins fermé ou isolé fait l’affaire : Rio Bravo, Alien, Fenêtre sur cour, 2001, La Maison du diable, La Maison des otages, Key Largo, Les Visiteurs (ceux d’Elia Kazan, à ne pas confondre avec la bande à Christian Clavier), Les Chiens de paille, Safe, The Thing, Panic room, Rebecca, ou même le récent Parasite voire le Portrait de la jeune fille en feu.
On pourrait même soutenir l’idée que le confinement est consubstantiel au cinéma puisque, même si les pratiques évoluent, voir un film consiste à se réfugier dans une salle obscure coupée du monde extérieur et social. Maintenant certes, on visionne plus de films dans son salon que dans une salle et l’on peut parier sans grands risques que cette activité sera l’une des principales de nos concitoyens confinés.
Le film qui vient le plus facilement à l’esprit des cinéphiles comme miroir de notre condition actuelle est Shining, de Stanley Kubrick, d’ailleurs déjà objet de blagues sur le net. Rappelons-en l’argument pour ceux qui ne le connaîtraient pas. Jack Torrance (Jack Nicholson) est engagé comme gardien d’un majestueux hôtel isolé en pleine montagne pendant la saison de fermeture de l’établissement. Il débarque avec sa femme Wendy (Shelley Duval) et son fils Danny (Danny Lloyd) en espérant profiter de longs mois à l’écart du monde pour écrire un roman. Avant de leur confier les clés de l’hôtel, le directeur fait visiter les vastes lieux à la famille Torrance et prévient Jack d’un fait peu rassurant : le précédent gardien est devenu fou et a massacré toute sa famille à la hache.
Shining est évidemment célèbre comme classique du film d’horreur et les scènes empruntées au lexique gore y abondent : jeune femme instantanément transformée en cadavre putrescent, flots de sang se dé