Le virus des biais : ce que la crise du Covid-19 révèle du comportementalisme

Depuis sa parution sur Youtube le 7 avril 2020, la vidéo d’un séminaire en ligne d’Olivier Sibony, professeur associé à HEC, est devenue « virale » (s’agissant de la captation d’un séminaire académique d’une durée d’une heure), jusqu’à être vue près de 275 000 fois deux mois après sa mise en ligne. L’auteur a par ailleurs développé des arguments similaires dans la presse écrite (tribune dans le journal Le Monde en date du 25 avril 2020) ou en ligne (conférence diffusée sur la page Facebook de Boma France en partenariat avec l’édition française du Huffington Post et une série d’articles sur LinkedIn).
Intitulé « Biais cognitifs et crise du Covid-19 », ce séminaire entend montrer la pertinence de l’approche comportementale en l’appliquant au cas de la pandémie de coronavirus. Il distingue trois « temps » de la crise (avant, pendant et après) qui, tous, se caractérisent par des erreurs liées à des biais cognitifs. Le succès de cette vidéo reflète celui des thèses comportementalistes dans l’espace public. Nous avons analysé, dans Le Biais comportementaliste, leur poids grandissant au sein de l’économie académique et dans les politiques publiques.
S’il est plus délicat d’en mesurer le poids dans l’espace médiatique, les défenseurs d’une étude du comportement par les « biais cognitifs », les « choix irrationnels », les « erreurs de raisonnement », etc. sont néanmoins bien présents : par exemple, nous avons identifié plus de 160 d’articles dans Le Monde, Les Échos, Libération et le Figaro, publiés depuis 2017, relatant leurs thèses — un nombre presque multiplié par trois par rapport aux quatre années précédentes. Les arguments que développe Olivier Sibony illustrent parfaitement cette approche et les impasses intellectuelles de thèses qui confondent arguments contre-intuitifs et contradictions internes, explications et tautologies. Revenons donc sur ce qui se dit dans cette vidéo.
Aplomb et surplomb
Dans un premier temps, il est difficile de ne pas relever la posture qu’a