Christo (1935-2020) – artiste des malentendus
Après une courte activité de portraitiste à Paris dans les années 50, Christo Vladimiroff Javacheff, dit Christo, enterre celle-ci à l’occasion de sa rencontre avec celle qui partage sa vie et son œuvre, Jeanne-Claude Denat de Guillebon (disparue en 2009), laquelle contribue à la série des Wrapped portraits entre 1962 et 1969 en tant que modèle. Travaillant sur une toile non apprêtée, celle-ci est retournée et constitue de ce fait, une partie du modèle, de sa figuration. Ce retournement originel guide un travail sur une dizaine d’années et émancipe son geste de la figuration, ce qu’il répétera sans cesse dans ses projets à venir.
Paris devient dans les dernières années de son séjour le territoire de ses premiers projets d’installation in situ : Empaquetages sur le quai, 1961, ou encore l’œuvre célèbre de la rue Visconti, Le Rideau de Fer-Mur de barils de pétrole en juin 1962. Cette installation énonce le glissement du thème de l’objet vers le spectateur et l’associe à celui de la limite. « Il y a de l’ironie sans doute à édifier une citation du mur de Berlin dans la ville des barricades populaires, mais si la citation n’est pas équivoque elle transforme la rue Visconti en impasse, c’est le rideau de fer qui donne son nom à l’objet, la limite au déplacement que Christo, lui, a due franchir pour arriver à Paris et devenir artiste. » c’est en ces termes qu’Anne Vovley introduit l’œuvre dans sa thèse Art et spatialité[1] sur le travail des Christo.
La jeune période parisienne est probablement le premier lieu d’un malentendu. Aux prémices d’un engagement politique et écologique de l’auteur, il s’agirait en réalité d’une inspiration situationniste et propre aux happening de l’époque entre géographie et construction sensible. À partir du déplacement de l’organisation en pôles d’action d’une entreprise artistique, les deux artistes alors proches du critique Pierre Restany et des Nouveaux réalistes œuvrent dans un lien ténu entre art et banalité mais aussi entre i