Alain Fischer : « Se passer des méthodes rigoureuses ouvre la porte au populisme médical »

Alain Fischer est médecin, professeur d’immunologie pédiatrique et chercheur en biologie, grand prix de l’Inserm en 2008. Il a fait l’essentiel de sa carrière à l’Hôpital Necker-Enfants malades à Paris comme soignant mais aussi comme enseignant et chercheur, en participant par exemple à la création de l’Institut des maladies génétiques Imagine. Jeudi 18 juin, Alain Fischer a prononcé sa leçon de clôture au Collège de France, où il occupait la chaire de Médecine expérimentale depuis 2013. Une leçon de clôture qui s’est volontairement inscrite dans l’actualité en se consacrant aux « deux faces de la réponse immunitaire lors du Covid-19 ». S’il est important de faire le point des connaissances sur la réponse immune induite par le virus, ce dernier a eu des répercussions bien au-delà de la santé des individus, sur la recherche, la place des scientifiques auprès des décideurs politiques, et le développement d’une forme de populisme médical. RB
Vous avez clos jeudi votre enseignement de médecine expérimentale au Collège de France par une leçon sur « Les deux faces de la réponse immunitaire lors du Covid-19 ». Où en est-on de la connaissance de cette maladie et du virus qui la provoque ?
J’ai choisi ce thème car évidemment il intéresse beaucoup de monde, mais aussi parce que j’ai pu travailler avec de jeunes chercheurs à l’Institut Imagine, à l’hôpital Cochin et à l’Institut Pasteur sur ce qu’on appelle la physiopathologie de cette maladie, c’est-à-dire ses mécanismes sur le plan immunologique. Il faut commencer par un rappel général sur le système immunitaire, qui s’est élaboré de façon de plus en plus sophistiquée au fur et à mesure de l’évolution du vivant par un mécanisme de sélection contre les micro-organismes environnementaux. Ce qui fait que même les bactéries ont un système de défense contre les virus, CRISPR, dont on a beaucoup entendu parler puisqu’il est à l’origine du développement de la technique dite des « ciseaux génétiques ». Les mammifères, et l’homme en