Jussi Parikka : « Écrire autrement l’histoire des médias »

Journaliste

Encore mystérieux pour beaucoup, l’archéologie des médias s’avère un nouveau champ de recherche passionnant, au croisement de nombreuses disciplines et méthodes, qui vise à écrire une histoire alternative des medias au sens le plus large du terme. Alors qu’il est enfin traduit en français, Jussi Parikka, l’un de ses représentants les plus éminents, a accordé un entretien à AOC.

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Né et formé d’abord en Finlande, professeur de culture technologique et d’esthétique à la Winchester School of Art de l’Université de Southampton, Jussi Parikka est l’un des principaux chercheurs d’un courant transdisciplinaire relativement récent des sciences humaines et sociales : l’archéologie des médias. Parmi son œuvre, riche de plusieurs livres marquants, Qu’est-ce que l’archéologie des médias ? qui vient de paraître en français, nous offre l’occasion d’un entretien.

Et si l’on commençait par la question faussement simple qui donne son titre à votre livre : qu’est-ce que l’archéologie des médias ?
Les questions en apparence les plus simples sont, en effet, bien souvent les plus difficiles. Surtout celles qui concernent les tentatives de définition, qui sont importantes pour se coordonner mais qui comportent aussi le risque de produire des frontières artificielles. Et, comme j’essaie d’éviter par principe toute fermeture, je prends plutôt les définitions comme des points de départ. En fait,  les définitions doivent pouvoir nous amener ailleurs, là où elles deviennent utiles. L’archéologie des médias est un domaine où se croisent des méthodes théoriques, historiques et artistiques qui nous permettent de mieux saisir comment la culture technique des médias joue sur nos sens et influences nos manières de comprendre le monde. Certains travaux se sont employés à écrire autrement l’histoire des médias, en considérant notamment des objets tombés en déshérence ou qui se situent à la marge. Ces recherches, en forme d’opérations de sauvetage, se sont inscrites dans le sillage d’un Michel Foucault qui considérait ce qui avait été laissé à l’écart des discours historiques comme aussi important que ce qu’ils avaient pris en compte. On a ainsi donc vu s’écrire des histoires des panoramas animés, des histoires des cultures visuelles pré-cinématographiques, des histoires des technologies militaires comme technologies médiatiques etc. Mais d’autres travaux mettent da


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC