Maradona, il était le ballon
Pour qui se demandait quel était le plus grand footballeur de tous les temps, Pelé ou Maradona, ou animés par une certain penchant pour la nostalgie, Platini ou Cruyff, voire Zidane, Ronaldo et Messi pour ceux qui sont leurrés par le présentisme que décrit et critique si justement François Hartog, pour qui se poserait cette question qui n’a bien entendu qu’un intérêt tout relatif, pourquoi vouloir établir un classement entre Shakespeare, Montaigne et Cervantes, la nouvelle d’hier vient d’apporter une réponse éclatante. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que la mort d’un individu contribue à éclairer sa vie. L’âge y fait aussi. Soixante ans c’est encore jeune. Soixante ans pour un garçon né en 1960, ça relève d’une perfection arithmétique.
L’écho planétaire de sa disparition dépasse de très loin l’imaginable et la raison. Bien entendu, j’ai trouvé déplacées les images du ballet habituellement obscène des caméras, quand bien même elles témoignaient, en vivo, de la tristesse de la population argentine. Voir les motos suivre l’ambulance dans laquelle la cadavre est transporté pour l’autopsie ajoutait au sentiment d’une défaite de la pensée mais n’en est pas moins significatif. J’ai trouvé à tout ça un petit côté lady Di, mais avec une différence de taille. Le côté princesse du peuple de Lady Di ne fut, comme on l’a bien vu dans le film de Stephen Frears, The Queen, qu’une invention du cabinet de Tony Blair, ce que la saison 4 de The Crown confirme, s’il en était besoin.
« El pibe de oro » n’a pas besoin de ce type de trouvaille et on devine que ses funérailles seront encore plus grandioses que celles qui furent réservées à Ayrton Senna, devenu avant même sa mort une idole, sans comparaison avec Pelé, non seulement parce que le peuple avait l’occasion de vibrer lors des Grands Prix seize fois par an, au lieu d’une Coupe du monde tous les quatre ans, mais parce que le peuple méprisait la vanité et la vénalité de Pelé et appréciait au contraire l