Politique culturelle

Diane Dufour : « Plus que jamais, l’image est le message »

Journaliste

Depuis l’annonce par le gouvernement du prolongement de la fermeture des lieux culturels, de très nombreuses voix se sont élevées pour manifester de l’incompréhension, mais aussi pour rappeler que les pratiques artistiques ne peuvent mécaniquement et sans difficultés basculer vers le numérique. Un sujet auquel a réfléchi et travaillé depuis longtemps Diane Dufour, la directrice du lieu d’exposition LE BAL consacré à l’image-document, et qui fête ses dix ans.

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LE BAL a ouvert ses portes il y a dix ans sous le patronage du grand photographe Raymond Depardon. L’espace d’exposition parisien a d’emblée mis en avant l’image-document : fixes ou animées, présentées sous forme de photographies, de films ou d’installations, il s’agit de montrer des images qui proposent une représentation du réel, de l’actualité, tout en s’inscrivant dans une démarche artistique et la création d’une forme. Diane Dufour a accompagné l’ouverture du BAL qu’elle dirige depuis, après avoir dirigé la prestigieuse agence de photographie Magnum de 2000 à 2007. Elle a été rejointe en 2018 par Christine Vidal comme co-directrice car le projet a pris de l’ampleur depuis son ouverture, notamment dans son volet pédagogique La Fabrique du regard. Les expositions, les projections, la librairie, les projets pédagogiques mais aussi le rôle donné aux sciences humaines et sociales, tout concours à la compréhension de ce monde qui advient en images. Malgré la pression du tout numérique, bien connu du monde de la photographie, renforcé par la fermeture des lieux culturels pour cause de crise sanitaire, Diane Dufour défend la nécessaire matérialité de l’œuvre. RB

Le milieu de la culture s’est mobilisé depuis l’annonce du prolongement de la fermeture des cinémas, théâtres et musées bien au-delà du 15 décembre comme c’était prévu. LE BAL devait lui aussi rouvrir l’exposition de Miguel Rio Branco, quelle a été votre réaction ?
Cette annonce a provoqué deux types de réflexions. La première, c’est l’incompréhension : alors que le boulevard Haussmann est complètement bondé à cause des achats de Noël, des petits lieux comme LE BAL, qui peuvent contrôler une jauge de manière disciplinée, ne rouvrent pas. La conclusion s’impose : la culture n’est pas reconnue comme un « bien essentiel ». Ensuite, LE BAL est une « petite grande chose » : un lieu exigeant dans ses ambitions, mais vulnérable de part sa structure associative indépendante. La part de la Mairie de Paris, partenaire fondateur du lieu, dans le budget du BAL est très en deçà de sa contribution à la MEP (Maison Européenne de la Photographie) par exemple, ou de la participation de l’État au budget du Musée du Jeu de Paume, les deux autres grands lieux de la photographie à Paris. Notre programmation annuelle dépend de 30 ou 35 partenaires, ce qui est considérable. Dans ces périodes très mouvantes, très chaotiques, il nous faut continuellement convaincre de la possibilité de continuer malgré tout. La « tribu » autour du BAL, qui rassemble artistes, chercheurs, enseignants, mécènes, éditeurs… permet au lieu d’être traversé par des pensées, des pratiques, des gestes, des œuvres et de donner du sens à ce que nous faisons. On se bagarre donc collectivement dans ce contexte difficile pour garder ce lieu laboratoire auquel nous tenons tous.

Un élément qui a été mis en avant par les acteurs du milieu culturel, c’est qu’un lieu culturel ne peut rouvrir du jour au lendemain. Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour vous, pour les équipes du Bal, cette incertitude persistante sur la possibilité ou non d’ouvrir ?
Concrètement, l’exposition de Gilles Peress, « Whatever you say, say nothing » qui devait marquer les dix ans du BAL en septembre dernier et qui est co-produite avec le Getty Museum a dû être reportée. Ce qui a laissé, tout d’un coup, une béance dans notre programmation. Nous avons heureusement pu avancer l’exposition de l’artiste brésilien Miguel Rio Branco qui devait intervenir plus tard. Cette exposition, composée principalement de tirages d’époque rares de la première période photographique de Rio Branco, va être prolongée jusqu’à fin mars. Nous avons eu de la chance que les collectionneurs acceptent tous de faire courir leurs prêts. Nous aurons ensuite une exposition, sur laquelle nous travaillons depuis trois ans avec Dominique Païni, qui est un hommage à Wang Bing, le plus grand cinéaste documentaire chinois. Les films, qui jalonneront le parcours du visiteur au BAL, ne nécessitant aucun prêt d’œuvre-objet, nous ont permis de nous adapter : l’exposition a changé plusieurs fois de dates au gré des annonces gouvernementales.

Répondre à cette question sur les temps incertains, c’est aussi examiner comment LE BAL s’insère dans un ensemble d’institutions à travers le monde. Nous étions à l’initiative il y a environ sept ans du « Curators’ day », la réunion de tous les responsables des principales institutions pour la photographie en Europe qui s’est tenue cette semaine, en ligne évidemment. Une trentaine d’institutions sont concernées et nous échangeons les projets d’expositions à venir dans le but de susciter des co-productions ou même de générer très en amont des recherches communes. Mais cette année nous n’étions que dix-sept en ligne pour une version réduite à une grille de visages sur un écran. C’est à la fois réjouissant de pouvoir trouver une alternative au format habituel et à la fois un peu triste. Serge Daney disait « quand la question de l’Autre a sauté, il n’y a plus que du visuel ». Donc quand la présence de l’Autre a sauté physiquement, il ne reste plus que des images en vignette sur un écran. Ce que j’ai pu constater, c’est que nous subissons tous des chamboulements, reports, annulations. Etant logés à la même enseigne, on se soutient, on essaie de trouver des solutions ensemble en tenant compte de l’identité de chaque lieu.

J’ai la conviction néanmoins que le public va revenir dans les lieux culturels. La période septembre-octobre a montré un appétit plus que jamais renouvelé des visiteurs pour partager des expériences, être au contact d’œuvres historiques ou contemporaines sensibles qui éclairent le monde dans lequel nous vivons. L’exposition de Miguel Branco marchait très bien. Mais je suis aussi persuadée que le type d’expositions que nous sommes tous amenés à développer dans le futur devra sensiblement évoluer.

De quelle façon, qu’est-ce qui selon vous ne peut plus être comme avant ?
La pandémie a rendu le public encore plus exigeant sur les contenus. Pendant le confinement il a eu accès à une myriade de ressources en ligne, d’œuvres, de visites ou de cours, de contributions de philosophes ou de sociologues sur l’art. Il y a une exigence renforcée du débat public, ce qui est positif pour LE BAL considéré comme un lieu de confrontation des questions à la fois esthétiques et politiques. Au début du premier confinement, une lettre du directeur de l’Art Institute of Chicago a circulé dans laquelle il s’excusait au nom de l’institution pour toutes les expositions qui n’avaient pas été montrées, pour toutes les pièces d’artistes noirs absentes des collections, pour tout ce qui n’avait pas été fait au sein de l’équipe de l’Art Institute of Chicago. Il y avait là une manière d’endosser une responsabilité collective qui a trait au passé assez frappante. La période nous oblige, et en même temps oblige. Au temps de la « Cancel Culture », que montrer ? Qu’est-ce qu’un artiste « pur » ? Un artiste peut-il tout dire ? etc… Notre programmation doit se faire l’écho de ses débats.

Ce débat qui préexiste à l’épidémie a donc été accéléré par le confinement, par cette expérience de rétrécissement du monde ?
C’est en effet un phénomène qui s’est accéléré pendant la pandémie. Ce « rétrécissement du monde », dont on aurait pu s’attendre à ce qu’il nous conduise à considérer l’Autre comme notre semblable là, tout prés, a plutôt accentué le mouvement de parcellisation, d’atomisation des communautés et de repli sur soi parfois dramatique qu’encourage Internet depuis des années. Puisque mon rôle et celui du BAL est d’aider à la compréhension de ce monde qui advient en images, je remarque que plus que jamais, pour paraphraser McLuhan : the image is the message, l’image est le message. Il est donc fondamental de tenir cette fonction de laboratoire de décryptage des images dominantes, mais aussi des « images manquantes ». Si aujourd’hui la vie privée, la vie publique, sont rendues accessibles et s’affichent en temps réel, que nous disent les images « qui manquent »? La vraie vocation du BAL est là, dans notre capacité à questionner le rôle fondamental des images dans la construction de notre présence au monde. Beaucoup des auteurs ou praticiens de l’image exposés au BAL comme Eyal Weizman, Rabih Mroué, Standish Lawder, John Smith, Iwa K… articulent une pensée autour de ces nouveaux régimes d’image et de leurs conséquences sur nos consciences.

Vous citez régulièrement l’anthropologue Marc Augé se demandant comment « représenter un monde qui se définit par la représentation, qui ne cesse de s’enregistrer et de s’enregistrer s’enregistrant ? ». Peut-être que la réponse est du côté de la jeune création que LE BAL accompagne depuis son ouverture il y a tout juste 10 ans.
C’est en effet une citation de Marc Augé que j’aime beaucoup, tirée de L’art du décalage (2007), car il est évident que tout un pan des événements collectifs est désormais approprié, incarné par les images « citoyennes » prises par ceux qui font ou vivent ou subissent l’événement. Le phénomène a sans doute commencé avec Here is New York, au moment des attentats du 11 septembre. Tout le monde a photographié ou filmé les tours en train de s’effondrer, nous avons donc tous véhiculé ces images, nous les avons iconisées, elles nous ont constitués. Peut-être qu’ainsi, peu à peu, pour ces artistes qui inscrivent délibérément leurs œuvres dans l’ébullition du monde, tout un pan de leur terrain de création s’est vu occupé par d’autres. On retrouve ce décalage dans la jeune création qui va avoir tendance à accentuer la recherche de nouvelles formes, loin de l’image-témoin. L’artiste libanais Rabih Mroué a conçu un livre présenté dans l’exposition du BAL « En suspens », à partir de petites figurines découpées dans des journaux de son pays, le Liban, faisant dialoguer les événements d’actualité au travers de leurs représentations dans la presse. Ces images, il en a fait une œuvre. C’est une chose notable au sein de la création contemporaine : ce réemploi d’images prises par d’autres. Une autre tendance qui s’est accentuée est est de se prendre soi-même ou les siens – au sens large : sa famille, sa communauté, sa ville, sa rue, son quartier, etc. – comme sujet archétypal d’un enjeu de société. Le je de l’artiste passe alors par le nous d’une collectivité qui, à un instant t, peut s’avérer emblématique – de violences, de frustrations, de pauvreté, d’affirmations identitaires… Une troisième direction qui me vient à l’esprit, c’est le brouillage des influences, des inspirations. Quand j’ai commencé à travailler avec la photographie, il était facile de voir comment tel jeune photographe s’inspirait de telle tradition photographique, qui de Diane Arbus, Walker Evans, Sigmar Polke, Garry Winogrand ou Jeff Wall… Aujourd’hui, les emprunts mixtes paraissent les plus féconds. Ce n’est pas quelque chose que je prône, c’est simplement quelque chose que je constate. Je trouve cela souvent dangereux et parfois stimulant.

Cette multiplicité des influences, c’est peut-être aussi un autre effet de la circulation des images permise par le numérique. À ce sujet, les professionnels de la photographie ont sans doute quelque chose à dire tans ils ont été touchés par cette mutation technologique. Il y a, avec le confinement et la fermeture des lieux culturels, une sorte de prime au tout numérique, une tentation et même une obligation d’explorer cet outil. Comment l’utilisez vous au BAL ?
En tant qu’institution, je crois peu à la dématérialisation du contenu, tant pour les expositions que pour les livres. Peu de temps après avoir créé LE BAL – qui a pourtant toujours abrité une librairie et accordé une grande importance au livre – nous avons organisé un débat sur « Internet : la mort du livre de photographies ? ». Editeurs, artistes, graphistes, tous avaient la conviction très forte qu’avec l’avènement d’internet, les amateurs allaient pouvoir accéder au livre numérique d’un jeune photographe de Hong Kong en deux clics, et que c’était la mort du livre en tant qu’objet papier. Presque dix ans plus tard, on constate que c’est exactement l’inverse qui s’est produit, il n’y a jamais eu autant d’éditeurs de livres de photographies, de maisons d’édition indépendantes créées autour d’une ligne spécifique de programmation. Tout livre de photographies un tant soit peu pertinent trouve à être publié. Internet a stimulé la création de petits éditeurs qui occupent une niche bien identifiée, les collectionneurs aussi ont suivi et puisque le monde de l’édition est à leur portée, ils peuvent suivre une ligne de programmation très étroite qui leur est spécifique.

En matière d’éducation à l’image le numérique a été une formidable opportunité. Christine Vidal, co-directrice du BAL en charge de toute la programmation pédagogique La Fabrique du regard, a été visionnaire et a inventé une plateforme numérique d’éducation à l’image en ligne. Les anglo-saxons ont une très bonne expression « visual literacy », apprendre à lire des images… Cette plateforme s’appelle Ersilia, du nom d’une des villes invisibles d’Italo Calvino. On trouve sur Ersilia des œuvres d’artistes montrées au BAL, comme celle de Lewis Baltz qui ont rendu possible la mise à disposition de leurs images dans un but pédagogique. Pendant le premier confinement, tout d’un coup cette plateforme a trouvé une résonance incroyable. Les professeurs, les jeunes, les artistes, tout le monde voulait continuer à échanger ou à mener des ateliers ou simplement activer des processus collaboratifs. Et c’est justement ce que permet concrètement cette plateforme, à travers des parcours que chacun peut construire, sur des thèmes aussi importants que l’identité, le territoire, la mémoire… Nous avons ainsi pu former des utilisateurs, qu’ils soient jeunes ou adolescents, artistes ou enseignants, bibliothécaires, responsables d’association ou d’institutions, et nous avons constaté à quel point cette plateforme était un outil puissant d’appréhension d’un monde d’images par l’image. Au moment de la polémique sur le film Hold Up, s’est diffusé très rapidement sur les réseaux sociaux la vidéo réalisée dans le cadre de la Fabrique du regard, Révélation – La véritable identité des chats conçue par les élèves de 2GA du Lycée Madeleine Vionnet à Bondy, sous la supervision d’un jeune diplômé de la Fémis et de leur professeure d’histoire. Ils ont travaillé sur les sites complotistes après les attentats de Charlie Hebdo. Le film aujourd’hui a été vu plus d’un million de fois !

À la création du BAL il y avait la volonté de défendre un certain type d’image, l’image-document, qui est à la fois une représentation du réel, de l’actualité, mais qui s’inscrit aussi dans une démarche artistique, la création d’une forme. Qu’est-ce que le numérique fait selon vous à cette dimension esthétique, créative ?
Le numérique est d’abord un outil de recherche pour nous : avant de rencontrer physiquement l’œuvre d’un photographe, souvent, on la rencontre sur un écran. Donc, loin de moi l’idée de sous-estimer la puissance de découverte qu’offre le numérique. Mais il m’est arrivé très souvent d’être enthousiasmée a priori par une œuvre en ligne et d’être extraordinairement déçue une fois confrontée à l’œuvre réelle, avec sa taille, son format, sa qualité, sa présence. Il y a à la fois cette puissance de feu, et cette possible déception du numérique quand il s’agit d’œuvres qui ont besoin de l’espace du livre ou de l’espace physique d’un lieu, pour se déployer. L’objet « œuvre », ne pourra jamais être remplacé par le numérique. Je crois peu aux simulations en 3D, aux visites virtuelles d’exposition, le contact de l’oeuvre reste primordial. On peut regarder un Caravage à l’écran et être ébloui, mais aller au Louvre voir le tableau, c’est une expérience unique.

Puisqu’on fête les 10 ans du BAL, ça ouvre des opportunités pour ce lieu dans les 10 ans à venir. Quels sont les projets, comment voyez-vous le développement de ce lieu ?
À court termes, si la situation sanitaire le permet, nous voulons pour les 10 ans du BAL rendre hommage au printemps à l’immense cinéaste Chinois Wang Bing. Deux lignes traversent l’œuvre de ce cinéaste, l’un des plus grands talents du cinéma documentaire contemporain. Les films de témoignage dans lesquels il recueille les témoignages des survivants du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle, en plaçant sa caméra souvent fixe devant un témoin. Et puis les films qu’on a appelé « d’arpenteur », où il suit une situation – un hôpital psychiatrique, la fermeture du plus grand complexe sidérurgique chinois, la vie des tout petits ateliers textiles dans la banlieue de Shanghai, ou le quotidien de trois jeunes sœurs abandonnées à elles-mêmes dans les montagnes du Yunnan – et dans lesquels il y a invention d’une forme. C’est sur cette deuxième ligne de son cinéma que nous nous concentrons et que nous avons conçu, avec Dominique Païni, une installation. Wang Bing marche caméra à l’épaule ou au ventre, et il suit littéralement des individus, comme on pourrait imaginer Beckett suivre ses personnages, s’attachant à leurs pas comme leur ombre. Avec une orchestration du cadre, une intuition de la situation, de ce qui va advenir, stupéfiantes. On montrera aussi ses films dans leur intégralité dans des cinémas partenaires et accompagnera l’exposition un livre de référence de 800 pages co-édité avec Roma publications à Amsterdam et Delpire & Co à Paris.

Côté jeune création, nous allons travailler avec une jeune artiste de 35 ans, Joanna Piotrowska qui a reçu la bourse « Lewis Baltz Research Fund » , dont le travail a été exposé récemment au Kunsthalle de Bâle. Elle met en scène des situations entre des personnages avec une grande qualité d’abstraction, tout en parlant de sujets absolument actuels. Dans l’une des séries que j’aime beaucoup, elle s’est inspirée des manuels d’autodéfense pour les femmes, en ne gardant que quelques gestes abstraits, opaques mais tellement évocateurs. C’est pour moi le parfait exemple de quelqu’un qui sait donner une dimension nouvelle à la représentation, totalement ancrée dans les problématiques de notre monde.

Et du côté de la pédagogie et de l’éducation à l’image ?
Du côté de La Fabrique du regard, Ersilia va se développer pour devenir une plateforme d’éducation à l’image de référence et continuer à se saisir du sujet fondamental du décryptage des images. Nous sommes soutenus à la fois par les pouvoirs publics et par des fondations qui s’engagent auprès de nous. La lecture des images dominantes, et aussi toujours le souci de celles qui manquent, est un véritable enjeu de citoyenneté, de mobilisation, de sensibilité, d’affûtage du regard. Ersilia, c’est un des grands défis du BAL de demain.

Nous voulons aussi développer LE BAL, lieu de recherche, en intensifiant les rencontres entre chercheurs et artistes. L’exemple qui a été tellement fécond pour nous c’est l’exposition d’Hannah Darabi, une artiste iranienne qui a accumulé une collection inédite de livres publiés au moment de la révolution des mollahs. Cela avait donné lieu à un livre-somme, réalisé avec la chercheuse du CNRS Chowra Makaremi qui travaille sur la violence d’État, à partir des images de la révolution iranienne. L’ouvrage a reçu en 2019 le Prix du livre historique lors des Rencontres de la Photographie d’Arles, c’est un livre essentiel pour essayer de comprendre comment la violence d’État peut s’exercer par l’image, à partir du cas iranien. Cette fécondité de la confrontation, du dialogue et de l’imbrication entre recherche et travaux d’artistes, est quelque chose qui nous paraît absolument fondamental et qui va ouvrir des horizons nouveaux pour le BAL.


Raphaël Bourgois

Journaliste