Pour sauver la gauche, déprésidentialisons !
Ça y est, nous y sommes. Dans un éditorial récent, un journal du soir jugeait plausible la disparition de la gauche aux prochaines élections présidentielles. C’est une mauvaise nouvelle : sans la gauche, toute contestation du néolibéralisme technocratique dominant ne trouverait plus à se dire que dans les mots de l’extrême droite. Il y a beaucoup à faire pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Mais aussi, peut-être, pour ne pas en arriver là. Un élément central de l’analyse nous semble être le fonctionnement des institutions. À trop se concentrer sur les rapports de force et les débats d’idées qui font la vie politique, on oublie que cette dernière est structurée par des dispositifs juridiques aux effets puissants. Ce sont ces dispositifs qui se transforment en piège mortel pour la gauche.
Jouer le jeu du présidentialisme pour exister ?
Dans le temps long, l’histoire constitutionnelle est marquée par la concentration des pouvoirs dans les mains de l’exécutif. Il prend dans notre pays la forme d’une pratique présidentialiste des institutions. Les défauts d’une telle pratique sont bien connus : la concentration excessive des pouvoirs entre les mains du président et corrélativement, la réduction de la vie politique à la préparation de l’élection présidentielle à venir ; l’inévitable tension entre le président de la République et le Premier ministre, tantôt « collaborateur », tantôt rival ; la préoccupation exclusive pour la personne des candidats potentiels au détriment de leurs idées et de leurs programmes, si toutefois ils en ont ; le déclin des partis politiques qui ne sont plus que des machines à sélectionner les candidats. Les législatives servent à valider le choix effectué à la présidentielle et les parlementaires, redevables de leur poste au président, sont des godillots. Tout l’intérêt et l’importance de la politique s’en trouvent laminés.
Outre la tentation d’en user arbitrairement ou autoritairement, la concentration des pouvoirs entraî