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Carlos Lopes : « Le respect de la diversité est le défi le plus important pour la démocratie en Afrique »

Journaliste

Début mars, l’Assemblée Nationale a voté un texte visant à augmenter l’aide publique au développement, afin d’atteindre enfin d’ici 2025 les 0,7% du revenu national brut promis depuis 1970. Cette décision s’inscrit plus largement dans une réforme de la vision de l’aide au développement, souhaitée depuis longtemps par des économistes africains comme Carlos Lopes. Il publie L’Afrique est l’avenir du monde, un essai dans lequel il explique comment décoloniser les mentalités pour permettre au continent de véritablement se transformer.

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Carlos Lopes est un économiste qui compte en Afrique et dans les instances internationales. Ancien sous-secrétaire général des Nations unies et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, il est depuis juillet 2018 le Haut négociateur de l’Union Africaine avec l’Union Européenne. Des postes de responsabilité où le Bissau-Guinéen peut faire valoir sa vision du développement, celle qu’il développe dans le livre qu’il vient de faire paraître, L’Afrique est l’avenir du monde. C’est d’abord le constat d’un échec, celui du modèle incarné par l’Europe, qui ouvre paradoxalement des opportunités inédites pour un continent longtemps empêtré dans les suites de la colonisation. L’Afrique fait certes face à de nombreux défis mais par sa démographie, sa jeunesse et sa conscience des enjeux écologiques, elle peut aussi s’engager directement dans un modèle d’avenir et devenir un exemple pour le monde. Cela restera toutefois impossible tant que le regard sur le continent, qui doit être pris selon Carlos Lopes comme un ensemble, ne changera pas. C’est donc l’avenir du monde qui se joue en Afrique, et pas seulement celui des Africains. RB

Pourquoi avoir titré L’Afrique est l’avenir du monde un livre finalement assez critique à l’endroit de certains discours récents jugés trop optimistes sur l’essor du continent ; discours qui, en minimisant les difficultés réelles de l’Afrique, empêchent de penser des politiques de développement, de trouver les possibilités de sa transformation ?
C’est bien connu, la représentation de l’Afrique a été fortement marquée pendant des siècles par un regard très pessimiste, qui remonte à la Renaissance et aux interprétations religieuses du monde qui reléguaient l’Afrique à un rôle mineur, et qui passe ensuite par les propos d’Hegel sur ce continent qui ne serait pas entré dans l’Histoire… Le planisphère de Mercator apparaît comme le symbole de cette vision : il réduit la taille de l’Afrique à celle du Groenland quand elle est


Raphaël Bourgois

Journaliste