« Homo Faber » : ce qu’un patron ne peut pas faire

« Et puis, des patrons dans cette entreprise, il y en a eu avant nous, et de plus grands que nous, et il y en aura encore d’autres. Nous ne sommes que de passage et de service.
Patron pour certains, cela donne plus le devoir de se taire que le droit de s’exprimer.
Par bien des côtés je les comprends. »
Emmanuel Faber, 2011.
L’éviction d’Emmanuel Faber de la direction de Danone peut être lue de manières contrastées. Pour comprendre cette « affaire », il convient de faire un détour et revenir sur la trajectoire personnelle d’Emmanuel Faber, avant de retracer les péripéties de son congédiement, pour comprendre comment ces événements peuvent être construits et interprétés. Au-delà du cas Faber se joue la question des marges de manœuvre des « réformateurs » des grandes entreprises, qui, au nom des « raisons d’être », entendent aussi faire de la politique, autrement.
Une trajectoire entrepreneuriale particulière
Danone tout le monde connaît. Peut-être pas le détail de toutes les marques, mais les yaourts oui. Emmanuel Faber, son ancien PDG récemment limogé, lui, est très connu dans l’actualité et fort peu connu personnellement. Il a fait de sa méconnaissance une protection et un label. Il n’est pas dans le Who’s Who et, pour construire sa biographie, il faut se contenter de bribes glanées dans de rares faux portraits publiés lors de son accession à la tête de Danone, quand il a remplacé Franck Riboud, fils d’Antoine Riboud, fondateur de Danone, en octobre 2014. Un manager, sans droits de propriété sur l’entreprise, sinon des actions.
Le guide des États-majors le résume ainsi :
Date de naissance – situation familiale : Né le 1er janvier 1964.
Formation : École des hautes études commerciales – HEC (1986).
Parcours professionnel : En poste au sein du cabinet Bain & Company puis chez Baring Brothers. Directeur administratif et financier (1993-97) puis directeur général (1997) de Legris industries. Directeur du développement et de la stratégie (1997-99), membre du co