Littérature

Entremetteur, révélateur, émancipateur : le roman d’écologie

Journaliste et éditeur, Écrivain, Écrivain, Femme politique

Alors que la quatrième édition du Pré, prix du roman d’écologie, s’est tenue ce jeudi 15 avril à la Bibliothèque Nationale de France, les organisateurs et organisatrices reviennent ici sur la genèse de ce projet, tout à la fois esquisse des mutations de la littérature contemporaine, machine à générer d’autres futurs possibles et adoubement d’un désir politique et d’un élan libérateur.

Il y a eu une accélération. L’écologie est devenue un passage obligé des discours. De la politique au marketing en passant par l’univers des techniques où les normes de décarbonation et l’économie circulaire côtoient la chimie verte, l’écologie s’est glissée dans les mots. Ce bric-à-brac de mots verts est là, partout. Il peut mettre mal à l’aise – il y en a trop –, faire rire ou réfléchir. Mais c’est un signe. La quête du récit écologique, des récits écologiques est engagée. Et elle irrigue avec une force insoupçonnée la création littéraire.

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En 2017, nous avons voulu rendre compte de ce mouvement, et, comme une exploration, partager nos découvertes. Entourés de libraires, d’écrivains, de grands lecteurs et d’étudiants, en un mot d’attentifs au monde, nous avions décidé de créer un prix du roman d’écologie francophone, le PRÉ.

Nous partagions l’intuition formulée, par Jacques Tassin [1] et d’autres, que l’écologie sensible représente un accès nécessaire aux défis de l’époque. Déjà le prix COAL créé dès 2010 avait révélé la force de cette inspiration pour les arts plastiques, et l’importance d’une nouvelle culture de la nature. Le prix de la fondation Sommer pour la chasse et la nature récompensait chaque année de longue date un roman ou un essai écologique.

Nous souhaitions, quant à nous, mettre l’accent sur la littérature francophone. Suivre la piste de la langue française pour comprendre comment les enjeux écologiques s’immisçaient dans les imaginaires du pays de Descartes et de Rousseau, mais aussi au Québec, en Afrique, ailleurs, dans toute oeuvre d’aujourd’hui écrite en français. Nous voulions aussi voir large, ne pas limiter la quête à la nature au sens de la wilderness américaine. Saisir ce que la transformation écologique bouleverse en nous et hors de nous dans l’ensemble de ses manifestations, événements, catastrophes naturelles ou non naturelles, conséquences. Des enjeux éthiques à l’aménagement du territoire, des histoires de l’eau à celles de la


[1] Jacques Tassin, Pour une écologie du sensible, Odile Jacob, 2020.

[2] Edouard Glissant, Poétique de la Relation, Gallimard, 1990.

[3] P. Ricœur, Temps et récit 1, Éditions du Seuil, p. 86.

[4] Pierre Schoentjes, membre du Prix du roman d’écologie, vient notamment de publier à cet effet « Littérature et écologie. Le mur des abeilles », Corti, 2020.

[5] Paul Éluard, Donner à voir, Gallimard, 1976.

Rémi Baille

Journaliste et éditeur

Dalibor Frioux

Écrivain

Alexis Jenni

Écrivain

Lucile Schmid

Femme politique, Vice-présidente de la Fabrique écologique

Notes

[1] Jacques Tassin, Pour une écologie du sensible, Odile Jacob, 2020.

[2] Edouard Glissant, Poétique de la Relation, Gallimard, 1990.

[3] P. Ricœur, Temps et récit 1, Éditions du Seuil, p. 86.

[4] Pierre Schoentjes, membre du Prix du roman d’écologie, vient notamment de publier à cet effet « Littérature et écologie. Le mur des abeilles », Corti, 2020.

[5] Paul Éluard, Donner à voir, Gallimard, 1976.