Politique culturelle

Samantha Bailly : « La profession d’artiste-auteur est une profession sous tutelle »

Journaliste

Parmi les artistes et les auteurs, le rapport remis par Bruno Racine en 2020 sur leurs conditions de vie et de création a suscité beaucoup d’espoirs, aujourd’hui déçus par les dernières annonces du ministère de la Culture. Samantha Bailly, ex-présidente de la Ligue des auteurs professionnels, insiste sur la nécessité que l’État, comme pour les autres professions, dote le secteur de vrais outils de démocratie sociale comme des élections professionnelles et le financement de syndicats — à moins que les artistes ne soient pas des professionnels ? Ou comment en finir avec une certaine infantilisation des artistes face aux pouvoirs publics et aux exploitants des œuvres.

publicité

Le rapport remis par Bruno Racine en janvier 2020 au ministère de la Culture a mis au jour la fragilisation des conditions de vie et de création des artistes-auteurs (écrivains, plasticiens, photographes, illustrateurs, scénaristes, etc.) et a abouti à 23 recommandations visant à les renforcer collectivement, pour une meilleure reconnaissance de leur statut social et professionnel, mais aussi individuellement, pour une meilleure répartition de la valeur entre auteurs et producteurs/diffuseurs. Le rapport a également souligné les manquements des pouvoirs publics dans leur prise en charge du problème.
À sa suite, en mars dernier, Roselyne Bachelot a dévoilé son « Plan auteurs 2021-2022 ». Parmi les 15 dispositions, l’accès des auteurs au Fonds national de solidarité est prolongé, mais plus question d’élections professionnelles (grande nouveauté proposée par Racine) et du Conseil national et paritaire des artistes-auteurs.
Globalement, les organismes de gestion collective ont plutôt salué ce plan qui correspond selon eux aux priorités dans le contexte actuel. À l’opposé, et parmi d’autres organisations, la Ligue des auteurs professionnels a considéré qu’il s’agissait là de l’« enterrement » du rapport Racine. Sa présidente, Samantha Bailly, a marqué le coup en démissionnant de son mandat. La Ligue, association d’auteurs du livre (y compris illustrateurs et auteurs BD, dont Benoît Peeters avec qui AOC s’était entretenu il y a un an) née en 2018 et réorganisée en syndicat le 20 mars, se distingue par la radicalité de ses positions, parfois contestées. Retour sur une affaire multiséculaire, complexe mais centrale, avec le point de vue de l’auteure d’une œuvre nombreuse (romans, romans jeunesse, mangas, fantasy, pratique, scénarios…), qui a même osé s’auto-publier, et résolue dans sa lutte militante. CM

Il y a eu ces dernières années un certain nombre de manifestations d’humeur de la part des écrivains, avec le mouvement #Auteursencolère ou #PayetonAuteur, en 202


Cécile Moscovitz

Journaliste, Secrétaire générale de la rédaction d'AOC