Cinéma

Jim Hoberman : « Le cinéma fait partie d’un système bien plus large, le système des images »

Etudiante en philosophie contemporaine, Chercheur en études cinématographiques

Examiner la politique américaine à travers le prisme du cinéma, et réciproquement : les ouvrages de Jim Hoberman, critique et théoricien du cinéma américain, soulignent l’entrelacement entre la production cinématographique, notamment hollywoodienne, et la création de récits politiques. Cette relation privilégiée connaît actuellement des changements profonds : alors que Daech s’inspire des films hollywoodiens, que le mouvement MeToo entraîne la chute d’Harvey Weinstein et que Donald Trump incarne la victoire de la téléréalité en politique, Hollywood et le cinéma sont à la recherche d’une contre-narration.

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La veille de notre entretien, le journaliste, critique et théoricien du cinéma Jim Hoberman nous montrait l’extrait du film propagandiste Stand Up And Cheer !, réalisé en 1934 : le président des États-Unis y nomme Laurence Cromwell, un producteur de spectacles à Broadway, au poste de secrétaire de la distraction, afin de remobiliser une population écrasée par la Grande Dépression. Aujourd’hui, c’est le président américain Donald Trump, ancien producteur et animateur de l’émission de téléréalité The Apprentice, et « twitteur » compulsif, qui s’est octroyé la fonction d’entertainer gouvernemental. Jim Hoberman a exploré ces croisements entre la production cinématographique américaine, notamment les films hollywoodiens, et les évolutions politiques des Etats-Unis depuis les années 1950. Étudiant, il a pour professeur le cinéaste expérimental Ken Jacobs, qui l’influence considérablement. Il écrit ensuite des critiques de films pour The Village Voice à partir des années 1970, jusqu’à 2012. Puis il contribue à différentes publications, notamment The Guardian, The New York Review of Books ou The New York Times. Parallèlement à son activité d’écriture, il a également enseigné l’histoire du cinéma à Cooper Union, Harvard et à l’université de New York. FL et DZ

En tant que critique et théoricien du cinéma, vous avez développé une analyse du cinéma américain du XXe siècle et du XXIe siècle, vous avez aussi enseigné l’histoire de cet art. Comment avez-vous concilié ces deux aspects, critique de films et théorie du cinéma ? Et comment l’enseignement a-t-il influencé votre activité d’écriture ?
Je suis entré dans le cinéma par le cinéma d’avant-garde, le théâtre expérimental et la performance, dans les années 1970. J’ai commencé à écrire à propos de films, et j’ai eu la chance de décrocher un travail ainsi. Au début, j’écrivais sur des films d’avant-garde, des documentaires, des films politiques, et aussi beaucoup sur des films étrangers. Je pouvais écrire sur ces film


[1] Selon Bazin, le « Surwestern » est « un western qui aurait honte de n’être que lui-même et chercherait à justifier son existence par un intérêt supplémentaire d’ordre esthétique, sociologique, moral, psychologique, érotique…, bref, par quelque valeur extrinsèque au genre et qui est supposé l’enrichir. » dans « Évolution du western », Qu’est-ce que le cinéma ?, Paris, Éditions du Cerf, 1962, réed. 2002, p. 231

Florence Loève

Etudiante en philosophie contemporaine, HEC et ENS

Dork Zabunyan

Chercheur en études cinématographiques, Professeur à l'Université Paris 8

Rayonnages

Cinéma

Notes

[1] Selon Bazin, le « Surwestern » est « un western qui aurait honte de n’être que lui-même et chercherait à justifier son existence par un intérêt supplémentaire d’ordre esthétique, sociologique, moral, psychologique, érotique…, bref, par quelque valeur extrinsèque au genre et qui est supposé l’enrichir. » dans « Évolution du western », Qu’est-ce que le cinéma ?, Paris, Éditions du Cerf, 1962, réed. 2002, p. 231