Jean-Pierre Mignard : « Macron n’est plus un projet politique, c’est un pass sanitaire »

Journaliste

Grand juriste de gauche, proche de François Hollande, Jean-Pierre Mignard fut l’un des premiers soutiens du candidat Emmanuel Macron. Il fut aussi, en 2005, l’avocat des familles de Zyed et Bouna, morts électrocutés après avoir été pourchassés par la police à Clichy-sous-Bois. Dans un long entretien, il revient sur la montée en puissance de l’idéologie sécuritaire dont témoigne la présence aussi ahurissante qu’effrayante de responsables politiques de gauche à une manifestation de syndicats policiers organisée devant l’Assemblée Nationale et en présence du ministre de l’Intérieur.

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Ce qui s’est passé devant l’Assemblée Nationale le mercredi 19 mai en début d’après-midi est extrêmement grave. Non pas seulement les policiers qui, à l’appel de leurs syndicats, choisissent de manifester devant la représentation nationale. Non pas seulement le ministre de l’Intérieur décidant de se joindre à cette foule qui prend place face au parlement. Bien plus encore les nombreux responsables de la gauche, issus de différentes organisations politiques, du Parti socialiste au Parti communiste en passant par Europe Écologie Les Verts. Sans doute faut-il revenir sous la IVe République, au moment de la guerre d’Algérie, de Guy Mollet et de la SFIO pour retrouver pareille compromission. C’est cet événement anti-républicain majeur, dont la mesure ne semble pas vraiment avoir été prise, qui m’a donné envie de donner la parole à Jean-Pierre Mignard. Nous nous sommes rencontrés en 2005, après le drame de Clichy-sous-Bois, la mort de Zyed et Bouna, deux enfants électrocutés dans un transformateur électrique après avoir été coursés par la police. Me Mignard était l’avocat des familles et ne savait pas encore combien cette affaire pourrait être considérée bien plus tard comme le début d’une nouvel époque en matière sécuritaire. Les émeutes provoquées dans les banlieues en cette fin 2005 par les mensonges policiers ayant suivi le drame de Clichy-sous-Bois furent, en effet, l’occasion d’expérimenter de nouvelles techniques de maintien de l’ordre, celles-là même que l’on verra, par exemple, à l’œuvre lors des manifestations de Gilets jaunes. Quel regard le juriste Jean-Pierre Mignard porte-t-il sur toute cette période ? Comment l’un des premiers soutiens d’Emmanuel Macron dès 2016 explique-t-il, en matière de libertés publiques, de laïcité, la mise en œuvre de politiques diamétralement opposées aux positions défendues par le candidat Macron ? SB

 

Quel regard portez-vous sur la récente manifestation de policiers devant l’Assemblée nationale ?
Cette manifestation n’a


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC