Société

La savante et le politique : conversation entre Zeynep Gambetti et Sonia Corrêa

Journaliste

Les attaques contre la pensée critique se multiplient en Europe, comme l’a montré encore cette semaine l’exemple danois, où des chercheurs ont alerté sur les pressions et les intimidations subies par celles et ceux qui ont choisi pour objet les études de genre, les études postcoloniales ou le féminisme. Sous couvert de faire la part entre science et militantisme, une offensive réactionnaire est menée ainsi contre les libertés académiques. En la matière, les pays du Nord global sont dans une situation comparable à ceux du Sud.

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L’anti-intellectualisme, qu’on pensait réservé aux leaders populistes comme Recep Tayyip Erdoğan  en Turquie, Jair Bolsonaro au Brésil ou Donald Trump aux États-Unis, se répand peu à peu dans les démocraties libérales européennes, sous la forme d’attaques de plus en plus sévères et coordonnées contre la pensée critique. C’est évidemment la polémique sur le supposé « islamo-gauchisme » de certains chercheurs en France, des dispositions pour défendre « la liberté de parole » dans les universités en Grande-Bretagne, le débat contre le « militantisme excessif » des universitaires au Danemark… L’exigence de neutralité scientifique est ainsi instrumentalisée dans un combat avant tout politique. La question se pose alors à celles et ceux qui ont fait du genre, des études post-coloniales ou du féminisme leur terrain de recherche, de savoir s’il faut absolument se revendiquer d’une position de neutralité, ou s’il faut assumer que les sciences en générales, et les sciences sociales en particulier, sont toujours politiques. C’est la question qui était posée cette semaine lors du colloque international « La savante et le politique. Défense et illustration des libertés académiques », organisé par Caroline Ibos et Eric Fassin, auquel participaient Zeynep Gambetti, politiste et professeure à la Bogazici University (Université du Bosphore, Istanbul) et la militante féministe brésilienne Sonia Corrêa. RB

Un débat fait rage au Danemark sur « le militantisme excessif » de certains chercheurs. Débat au cours duquel les propos de la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, sur l’« islamo-gauchisme » supposé gangréner l’université en France, ont largement été cités en exemple. Dans une lettre ouverte, 262 chercheurs danois spécialisés dans les études de genres et les études migratoires se sont inquiétés des menaces et des intimidations qui pèsent sur eux. Êtes-vous surprises de voir cette question de la liberté académique s’imposer da


Raphaël Bourgois

Journaliste

Mots-clés

Féminisme