Le Mur de Berlin n’est pas tombé
Depuis trois mois, l’Allemagne dispose enfin d’un gouvernement. La chancelière Angela Merkel peut s’appuyer sur une nouvelle « grande coalition » entre chrétiens-démocrates (CDU et CSU) et sociaux-démocrates (SPD) et sur une équipe ramassée de 15 ministres. Il s’en est fallu de peu pour qu’aucun ministre ne soit originaire de l’Est de l’Allemagne. Finalement, le SPD s’est dépêché de trouver une jeune femme, Franziska Giffey, maire de l’arrondissement de Neukölln (situé dans la partie occidentale de Berlin) mais ayant grandi dans l’ex-RDA, et de la propulser au poste de ministre de la famille alors qu’elle n’a jamais exercé de mandat autre que local. Il n’y a encore pas si longtemps, le fait que deux personnalités originaires d’Allemagne de l’Est occupaient les deux plus hautes fonctions de l’Etat (Joachim Gauck comme Président de la République et Angela Merkel au poste de chancelière) permettait de donner le change et de ne pas se préoccuper du déficit grandissant d’Allemands de l’Est à des postes de hautes fonctions. Désormais, les masques tombent.
Des chiffres accablants
Cet oubli fâcheux des Allemands de l’Est dans les postes ministériels n’a fait que raviver une plaie toujours ouverte chez un certain nombre de « Ossis » et relancer le débat sur la non-intégration des Allemands issus de l’ex-RDA dans la société allemande. Il faut dire que les chiffres sont accablants. Sur les 30 PDG des 30 plus grandes entreprises allemandes cotées en bourse (le DAX), aucun n’est originaire de l’ex-RDA. Sur les 196 membres des conseils d’administration des plus grandes entreprises, seulement cinq viennent d’Allemagne de l’Est. Pas un des 30 fleurons économiques du « made in Germany » ne possède son siège dans l’un des Länder de l’Est (Berlin inclus). Certes, tous les grands Konzerne ouest-allemands ont implanté des usines voire des centres de recherche dans « les nouveaux Bundesländer», pour reprendre la terminologie officielle, mais tous les donneurs d’ordre demeurent