Politique

Je serai le présidentiable, tu seras la sorcière – retour sur la primaire écologiste

Politiste

La primaire écologiste s’est soldée le 28 septembre par la victoire de Yannick Jadot, avec 51,03 % des voix contre 48,97 % pour Sandrine Rousseau. S’ouvre à présent une nouvelle face de négociations au sein du mouvement écologiste comme avec le reste de la gauche, au cours de laquelle le désormais candidat à l’élection présidentielle devra, pour espérer l’emporter, se résoudre à intégrer certaines des propositions de ses concurrent·es de la primaire et rassembler au-delà des écologistes.

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Parti·es à cinq, ils n’étaient, au soir du 19 septembre, plus que deux. Jean-Marc Governatori (2,35 %), Éric Piolle (22,29 %) et Delphine Batho (22,32 %) avaient déjà remisé leurs ambitions présidentielles. Exit l’écologie centriste du premier qui, rechignant à accepter son score anecdotique, avait vite menacé les organisateurs de cette édition 2021 de la primaire écologiste, d’un nouveau procès en malhonnêteté. Exit aussi le deuxième, trop vite pressenti pour donner la réplique, lors du duel final, à Yannick Jadot. Celui qui s’envisageait en pilier d’un nouvel arc humaniste qui rassemblerait des déçus de Macron aux électeurs de la France Insoumise retiendra sûrement que Grenoble n’est décidément pas la France, et qu’aucune tournée des territoires, ni aucune partie de foot ne suffisent à enthousiasmer les foules électorales. La troisième, en revanche, pourra longtemps s’enorgueillir d’avoir porté haut et fort, en terres tout sauf conquises, une décroissance réputée effrayante (les Verts l’avaient d’ailleurs jetée avec l’eau du PIB depuis longtemps) ainsi qu’une version anti-voile de la laïcité qui divise jusque dans la très confidentielle commission Féminisme du parti. 

Restaient ainsi en lice le favori de la compétition, Yannick Jadot (arrivé en tête avec 27,70 %) et la surprise du scrutin, Sandrine Rousseau (25,14 %)[1]. Le 28 septembre, la victoire du premier (51,03 %) a ouvert une nouvelle phase de négociations, à l’intérieur du mouvement écologiste autant qu’avec les autres forces de gauche.

Retour sur une primaire (pas si) tranquille

Portés par leurs plus récents succès électoraux et prétendant au leadership de la gauche autant qu’au fauteuil présidentiel, les écologistes ne pouvaient pas se permettre de rater leur primaire. Candidat·es, cadres et militant·es, conscients que médias et concurrents politiques guetteraient dans le moindre cafouillage technique l’amateurisme et dans chaque mot la polémique, ont cantonné l’expression de leurs désaccords e


[1] Pour ce premier tour de scrutin, la participation était de 86,91 %, et le vote blanc comptabilisé à 0,2 %.

[2] Il faut noter que le directeur de Neovote, Henri Ibgui, s’est déclaré en désaccord avec la décision prise par les organisateurs.

[3] Cécile Duflot, Le Grand virage, Paris, Les Petits Matins, 2015.

[4] On pourra notamment lire à ce sujet Élise Thiébaut, L’Amazone verte, Paris, Charleston, 2021.

[5] On pense ici aux 75 voix d’écart qui séparaient Alain Lipietz de Noël Mamère pour la présidentielle de 2002, ou aux 57 voix qui avaient départagé Dominique Voynet et Yves Cochet pour celle de 2007.

[6] Au second tour, la participation a légèrement baissé (85,41 %) et le vote blanc a un peu augmenté (2,35 %).

Vanessa Jérome

Politiste, Chercheuse associée à l'Université de Victoria (Canada)

Notes

[1] Pour ce premier tour de scrutin, la participation était de 86,91 %, et le vote blanc comptabilisé à 0,2 %.

[2] Il faut noter que le directeur de Neovote, Henri Ibgui, s’est déclaré en désaccord avec la décision prise par les organisateurs.

[3] Cécile Duflot, Le Grand virage, Paris, Les Petits Matins, 2015.

[4] On pourra notamment lire à ce sujet Élise Thiébaut, L’Amazone verte, Paris, Charleston, 2021.

[5] On pense ici aux 75 voix d’écart qui séparaient Alain Lipietz de Noël Mamère pour la présidentielle de 2002, ou aux 57 voix qui avaient départagé Dominique Voynet et Yves Cochet pour celle de 2007.

[6] Au second tour, la participation a légèrement baissé (85,41 %) et le vote blanc a un peu augmenté (2,35 %).