La Pologne quittera-t-elle l’Union européenne ?
Faut-il les croire ? Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, revenu à la tête du principal parti d’opposition libérale, la Plate-forme civique (PO), compare les gesticulations de ses adversaires à des « gamineries » ; il prévient qu’à trop jouer les fanfarons ils risquent d’emporter la Pologne dans un engrenage qu’elle ne contrôlera plus.
À la mi-septembre, deux hauts responsables du parti Droit et Justice (PiS) ont tenu des propos qui ont ému : « Nous devrions réfléchir à la manière dont nous pouvons coopérer avec l’UE » a déclaré le vice-président de l’Assemblée nationale (Sejm), chargé du droit et de la justice.

Suite aux menaces de sanctions, il précise : « Si les choses se passent comme prévu, nous devrons chercher des solutions radicales. Le peuple britannique a montré que la dictature de la bureaucratie de Bruxelles ne lui convenait pas, il a fait demi-tour et il est parti. Nous ne voulons pas partir (…), mais nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans quelque chose qui limiterait notre liberté et qui restreindrait notre développement. » Un député du PiS a été plus direct en se lançant dans des comparaisons qui parlent aux Polonais : « La Pologne “illégale” a lutté contre l’occupant pendant la seconde guerre mondiale, elle a ensuite lutté contre les occupants soviétiques et nous lutterons contre les occupants de Bruxelles. »
En écoutant ces rodomontades nationalistes, on se demande si ce pays a les moyens d’envisager un cadre alternatif à l’Union européenne. Il suffit d’imaginer (au vu du Brexit) ce que coûterait ne serait-ce que la sortie du grand marché européen pour en mesurer les limites. L’interpénétration des économies est considérable, particulièrement avec l’Allemagne. Les échanges commerciaux résument la situation : 80,4 % des exportations polonaises se dirigent vers l’UE (dont 28,1 % vers l’Allemagne), d’où proviennent 58,4 % des importations (22,4 % d’Allemagne)[1].
Alors oui, un Polexit serait une défaite très grave pour