(Im)mobilités pandémiques
Lorsque le SARS-CoV-2 a déferlé sur le monde en 2020, prenant de vitesse la capacité des systèmes de santé publique à le contenir, de nombreuses mobilités humaines quotidiennes ont été brutalement interrompues, tandis que d’autres se sont vues radicalement réorganisées. Les mobilités virales ont non seulement perturbé les mobilités humaines, mais elles ont également renforcé les inégalités en matière de mobilité et d’immobilité. Lorsque des millions de personnes ont été mises au chômage, nous avons soudain tous pris conscience de ce que les sociétés modernes reposent sur le mouvement constant mais inégal.

Le présent texte reprend l’introduction coécrite avec Peter Adey, Kevin Hannam et David Tyfield d’un numéro spécial de la revue Mobilities. Les parenthèses dans le titre « (Im)mobilités » servent à signaler l’enchevêtrement de ces deux notions ainsi que de leurs échelles. Nous avions invité des contributeurs de premier plan dans le domaine des études sur la mobilité à participer à ce numéro spécial, dont Tim Cresswell, Malene Freudendal-Pedersen, Sven Kesselring et Noel Salazar, afin d’aborder les nombreuses questions soulevées par la pandémie en relation avec le sujet des mobilités. Nous estimions que l’étude critique des mobilités est essentielle pour penser la pandémie. Cette étude critique s’étend du microscopique – la mobilité virale embarquée dans notre corps en mouvement – à l’échelle macro – les mobilités planétaires à l’ère de l’Anthropocène.
La perturbation de la mobilité
Confrontées à la pandémie, les pratiques sociales ordinaires ont été perturbées. De nombreuses personnes – à l’exception des travailleurs dits essentiels – ont dû cesser de quitter leur domicile pour se rendre sur leur lieu de travail, tandis que beaucoup d’autres ont dû retourner dans leur village rural ou leur lointain pays d’origine. Les enfants sont restés à la maison au lieu d’aller à l’école et, pour beaucoup, ont eu des difficultés à suivre l’enseignement à distance. De