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Marie Darrieussecq : « On nous dit de méditer, mais moi, je médite en lisant »

Journaliste

Écrivaine, psychanalyste, traductrice de Virginia Woolf et James Baldwin, Marie Darrieussecq a partagé pour AOC et la Fondation Pernod Ricard les dix livres qu’elle emporterait avec elle sur une île déserte. Des journaux, de la science-fiction, des textes féministes d’ici et d’ailleurs, de la poésie et des grands classiques… Sa bibliothèque se révèle aussi hétéroclite que son œuvre qui nous accompagne depuis plus de vingt ans, de Truismes, presque adapté par Godard, à son dernier essai, Pas dormir, où elle raconte ses nuits, sauvées par la littérature.

Les raisons de « pas dormir » sont légions, et ces jours-ci plus encore. Pas d’anachronisme toutefois : cet entretien avec Marie Darrieussecq a eu lieu voici quelques semaines, et l’insomnie était déjà, pour elle, et depuis longtemps, bien avant la parution de son récent Pas dormir, une manière d’être au monde, et donc à la littérature. Après – et avant – quelques autres, l’auteure de Naissances des fantômes a accepté de se prêter au jeu de l’île déserte qu’AOC a installé à la Fondation Pernod Ricard. Le principe en est simple, vous le connaissez : demander à une personne d’établir une liste des dix livres qu’elle emporterait sur une île déserte et commenter ce choix en public, sous forme d’une conversation. SB

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Commençons par évoquer ton dernier livre, Pas dormir, un livre un peu singulier, qui ne ressemble pas à un roman classique. On y trouve des images, entre autres choses. C’est un livre qui traite d’une expérience particulière que le titre indique : l’impossibilité de trouver le sommeil. Au fond, quelle place pour les livres dans ces moments d’insomnie ? Sont-ils alors des compagnons un peu différents de ceux des autres heures de la journée ? 
Comme je le raconte dans le livre, j’ai tout essayé, à quatre heures du matin, pour supporter le fait de ne pas dormir. Ce n’est pas si étonnant, mais la lecture est décidément l’activité la moins pénible que j’ai trouvée, à défaut de trouver le sommeil. Ce sont des lectures particulières, oui. Franchement, il ne faut pas qu’elles soient trop difficiles à cette heure-là. J’ai tendance à lire, par exemple, des journaux d’écrivains, des mémoires, ou des récits qui cavalent, des récits avec un suspense. C’est vrai que je réserve les lectures plus difficiles pour mes moments d’éveil dans la journée, quand je ne suis pas trop abrutie par le manque de sommeil. Du coup, je lis énormément.

Tu le dis souvent, la littérature a une place très importante dans ta vie, et pas seulement depuis que tu publies des livres, depuis


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC