Des faux débats au cœur de la campagne présidentielle
L’élection présidentielle de 2022 survient dans un moment particulier de notre histoire contemporaine. Des repères qui semblaient immuables s’effritent ; les innovations et les circulations s’accélèrent ; les crises, sociales comme écologiques, prennent une intensité inédite.
Dans une démocratie mature, les principales échéances électorales devraient être une occasion et un levier majeurs de mise en débat de ces mutations. Las, le début de la campagne présidentielle a été préempté par des idées reçues et des analyses caricaturales, en rupture avec l’idée que le « pays des Lumières » se fait de lui-même. Le diagnostic est partagé par l’ensemble de la presse européenne[1] : nos voisins dessinent le portrait d’une France qui n’a plus confiance en elle-même et où il est devenu impossible de (se) parler sereinement.
Les Français aspirent pourtant à des débats sérieux sur les nouveaux enjeux et les grandes options stratégiques qui pourraient permettre de redéfinir un avenir commun.
Un débat public « brutalisé » et rabougri
Or, le débat public est en permanence « brutalisé ». Sur les chaînes d’informations et les réseaux sociaux et, de plus en plus souvent, jusqu’au cœur même de la sphère privée[2], la discussion contradictoire est remplacée par l’invective, la controverse par la polémique, l’argumentation par le clash[3]. Plus que jamais auparavant, « nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison » (Albert Camus).
Cette atrophie de la pensée critique a laissé le champ libre aux grilles de lecture simplistes et outrancières. « France périphérique », « archipel français », « insécurité culturelle », « grand remplacement » : depuis une dizaine d’années, et alors même que la situation n’a jamais été aussi complexe, le champ politique est envahi de pseudo-concepts forgés sur la base d’essais vite écrits, agrémentés de quelques statistiques chocs mais dénués de toute rigueur méthodologique. Au gré de leurs stratégies électorales, les différents candidats s’en saisissent sans nuance, brouillant au passage les frontières entre droite et gauche.
Lubie éditoriale que toutes les études sérieuses ont invalidée[4], le clivage supposé irréductible entre deux France, celle « d’en haut » et celle « d’en bas », celle des « gagnants » et celle des « perdants », celle des habitants « de quelque part » et ceux de « nulle part »[5], est par exemple devenu un argument d’autorité sur les plateaux et dans les meetings.
Dans le même temps, de nombreux problèmes majeurs du pays sont totalement invisibilisés dans l’espace politico-médiatique[6]. Depuis le début de la campagne présidentielle, quel débat télévisé a porté sur la façon d’anticiper les multiples effets – socioéconomiques, énergétiques, territoriaux – du changement climatique ? Quelle confrontation entre candidats a permis de discuter des conditions dans lesquelles les aînés vieillissent ou des conséquences de la précarité croissante de la jeunesse ? Qui a ferraillé sur les indispensables transformations de notre démocratie épuisée par l’abstention et la défiance massives des citoyens ? Où a-t-on discuté de la dépendance de notre alimentation et de notre industrie aux grands cycles mondiaux et de leurs effets sur les conditions de travail ou les inégalités dans le pays ? Quel programme propose des réponses précises à la crise du logement qui affecte les grandes villes et tout particulièrement l’Île-de-France ? À l’engorgement des tribunaux, des hôpitaux et des universités ?
Un double mépris
La première raison de cette situation est l’écart croissant entre les sujets traités par les élites politiques et médiatiques et les réalités vécues par les Français. Ce hiatus est apparu de façon éclatante – et parfois violente – avec la crise des Gilets Jaunes en 2018. Depuis, faute d’une écoute sérieuse des habitants, mais aussi du fait d’appareils politiques plus centralisés et coupés de leur base que jamais, ce fossé continue à se creuser, ouvrant la porte à toutes les récupérations : les uns prétendent glorifier les valeurs et l’identité des « territoires » (en les contemplant toutefois depuis les quartiers huppés de la capitale), quand les autres écrivent leur récit de l’histoire et de l’« âme » françaises à partir de leurs propres fantasmes[7].
Les dirigeants ont fini par se méfier des Français, catalogués comme « réfractaires », « jamais contents »[8] et imperméables à la complexité. Ils sont pourtant, tout au contraire, les premiers acteurs des mutations en cours : salariés du secteur privé, ils sont de plus en plus en relation directe avec des collègues ou des clients situés partout dans le monde ; agents de l’État ou des collectivités locales, ils voient les transformations profondes des services publics et l’hétérogénéité des situations (sociales et territoriales) à travers le pays ; engagés dans des associations, ils sont directement confrontés aux changements d’une société à la fois plus riche et plus inégalitaire. Ils savent donc pertinemment que l’avenir du pays s’inscrit dans des dynamiques de grande envergure et ils souhaiteraient en discuter – en témoigne l’accueil initialement très favorable réservé au Grand débat national en 2019 (une initiative hélas sans lendemain).
La deuxième explication à cette incurie est la distance qui existe entre les élites éditoriales et politiques et le milieu scientifique, notamment les analyses issues des sciences sociales. Que le pays soit dirigé par d’anciens élèves des grandes écoles explique largement cette méconnaissance des savoirs académiques, totalement singulière en Europe. La pandémie de Covid-19, tout comme la conférence citoyenne sur le climat avant elle, ont pourtant montré combien les citoyens étaient accessibles au doute et à la nuance qui caractérisent la discussion scientifique. En l’occurrence, une somme considérable de travaux menés sur le terrain par des chercheurs issus de multiples disciplines et affranchis de toute affiliation idéologique sont librement consultables, discutables et seraient susceptibles de nourrir utilement le débat présidentiel.
Il ne revient évidemment pas aux chercheurs de dire quelles sont les bonnes ou les mauvaises questions – et encore moins les réponses ! Mais le sérieux que l’on accorde à la façon de sélectionner les données, de les interpréter et de les mettre en perspective a des conséquences sur la qualité des échanges, leur richesse, leur utilité. En travaillant à partir des études les plus récentes sur l’état de la France dans le cadre de la préparation d’un ouvrage de synthèse (50 cartes à voir avant d’aller voter[9]), nous avons identifié cinq « faux débats » emblématiques. Ils traversent la campagne présidentielle depuis plusieurs mois et montrent combien la construction même des controverses peut conduire à éluder les vraies questions qui se posent au pays.
La France est-elle en déclin ?
Le premier de ces « faux débats » tourne autour de l’idée que la France serait en déclin. Cette angoisse est presque aussi vieille que le pays lui-même. Au cours de la période contemporaine, elle est apparue pendant l’entre-deux-guerres, puis après la débâcle militaire de 1940 et à nouveau dans les années 1970. Depuis les années 1990, elle s’est durablement installée dans le débat public comme en témoigne la profusion de la littérature « décliniste » (de Nicolas Baverez à Éric Zemmour[10]).
Pourtant, après un siècle de désastres annoncés et d’autoflagellation, la France reste l’une des principales puissances mondiales. C’est un pays très riche (5e PIB de la planète en 2021, juste devant le Royaume-Uni) et développé (26e IDH sur 190[11]), qui est appelé à le rester durablement (11e à 13e puissance mondiale en 2050 selon les diverses estimations). Dotée d’une grande tradition scientifique, d’une puissance militaire de premier plan, d’un rayonnement culturel d’échelle mondiale, d’une large influence diplomatique prenant notamment appui sur ses territoires outre-mer et son statut de membre fondateur de l’Union européenne, la France n’est assurément pas un pays comme un autre.
Comme tous les autres pays, en revanche, elle est confrontée aux recompositions extrêmement rapides des pouvoirs, des équilibres et des influences liées à la globalisation et à la multilatéralisation du monde. Ces transformations, dont les seuls équivalents connus sont les grandes explorations maritimes du XVe siècle ou la constitution des empires coloniaux au XIXe siècle, ont leur part de conséquences délétères pour le pays. Certaines d’entre elles, comme le repli industriel ou le déclassement scientifique, sont même particulièrement alarmantes.
Mais plutôt qu’à invoquer une « grandeur perdue » largement mythifiée, elles invitent à actualiser nos diagnostics sur le monde qui vient et à adapter en conséquence nos projets individuels et collectifs. Entre les tendances au « métissage » (un enfant sur cinq est né d’un parent étranger sur le territoire national en 2019), l’innovation technologique (avec l’essor rapide de la « French Tech »), l’inventivité des circuits locaux ou la constitution d’une diaspora de jeunes entrepreneurs partout dans le monde, c’est l’ensemble du modèle « national-territorial » français qui est à repenser.
C’était mieux avant ?
Le second de ces faux débats a pour point de départ le constat que « c’était mieux avant ». Le pessimisme singulier des Français et la multiplication des mobilisations « anti- » sont fréquemment évoqués pour justifier cette affirmation péremptoire.
Pourtant, malgré un contexte de croissance lente ponctuée de crises majeures, la majorité des indicateurs de développement montre une évolution favorable des conditions de vie dans le pays depuis trente ans.
Le niveau de vie a augmenté pour toutes les catégories de la population, y compris les plus modestes. Les progrès de la médecine, associés à un système de protection sociale parmi les plus efficaces du monde, ont permis à l’espérance de vie de progresser et à la natalité de se maintenir à des niveaux exceptionnels en Europe (1,88 enfant par femme en 2018, au premier rang dans l’UE). La massification scolaire a produit une population très diplômée et une jeunesse capable de s’émanciper. La protection des droits des femmes, des enfants, des minorités reste imparfaite, mais s’est beaucoup améliorée depuis 15 ans (la France est passée de la 70e à la 15e place mondiale entre 2005 et 2020 en matière d’égalité femmes-hommes).
De fait, malgré leur pessimisme, les Français se disent spontanément plutôt heureux. Si le pays se distingue dans les enquêtes internationales, c’est plutôt par l’écart entre ce sentiment de bien-être et celui de la confiance qu’ils ont en l’avenir : 72 % d’entre eux ne croient pas que le pays aille dans la « bonne direction ». La dégradation objective de la situation des jeunes (taux de chômage élevé, recul de l’âge moyen du départ du foyer familial, forte précarité étudiante, etc.) est un des principaux facteurs de cette inquiétude. Par ailleurs, si le pouvoir d’achat a globalement augmenté, les dépenses contraintes (loyer, transports, charges, etc.) ont progressé plus vite encore pour une large part de la population : de 31 % à 41 % pour les ménages pauvres entre 2001 et 2017 (contre 25 % à 28 % pour les ménages aisés). Ces évolutions conduisent à un sentiment collectif de recul du « pouvoir de vivre ».
Les sujets d’inquiétude sont donc nombreux et légitimes. Mais au lieu d’alimenter les peurs, le débat présidentiel devrait servir à organiser une analyse contradictoire et critique des progrès et échecs des trente dernières années, en remettant au centre des discussions la jeunesse, grand impensé de nos mécanismes de solidarité et de notre projet collectif.
Une France éclatée en archipel de communautés ?
Le troisième « faux-débat » s’adosse à la thèse de l’éclatement interne de la société française, qui a largement bénéficié du succès de l’ouvrage de Jérôme Fourquet L’archipel français[12]. L’auteur y décrit la France comme un agrégat de communautés désunies subissant l’effondrement des grandes matrices intégratrices du XXe siècle (l’État-nation, le catholicisme, le communisme) et des structures collectives afférentes (paroisses, familles, syndicats, partis).
Simplifiée à l’extrême, cette vision alimente des discours essentialistes qui réduisent systématiquement les habitants à leurs origines migratoires et à leurs identifications religieuses. Terre d’immigration depuis plus d’un siècle, la France est sans conteste un pays mélangé, fait d’appartenances et d’identités multiples, qui n’empêchent ni la construction d’un lien patriotique à la France ni la conscience d’une solidarité nationale.
Ces identités se superposent les unes aux autres plus qu’elles n’entrent en conflit. Par ailleurs, les sciences sociales montrent inlassablement le primat des positions sociales et des ressources économiques sur les origines ou les croyances : les destins scolaires des enfants d’immigrés, par exemple, dépendent bien davantage des positions sociales des parents que d’une hypothétique « culture d’origine »[13].
Les travaux académiques les plus récents tendent même à montrer que les gens issus des milieux populaires, cherchent avant tout à « être comme tout le monde »[14]. Quant au « grand remplacement », le seul qui soit à l’œuvre est celui des chrétiens par les athées : il y avait trois fois plus de chrétiens que d’athées en 1980, deux fois plus en 2020, les athées seront plus nombreux en 2050. La chute de la pratique est d’abord liée à l’effondrement de la population se déclarant catholique et à son vieillissement (l’âge moyen est de 53 ans, soit dix ans de plus que pour les athées et vingt que pour les musulmans).
Pour autant, il ne s’agit pas de nier que les disparités se multiplient et que certains écarts se creusent au sein de la population et des territoires, multipliant les lignes de fracture. On assiste ainsi à l’enrichissement considérable d’une toute petite partie de la population : la France est, avec la Chine, le pays où la croissance du nombre de millionnaires a été la plus rapide au cours des dernières années. Malgré les puissants mécanismes redistributifs du pays[15], cette tendance suffit à compromettre la promesse d’égalité à laquelle les citoyens français sont viscéralement attachés, et ce d’autant plus que l’accès à l’élite est durablement verrouillé (les chances d’intégrer une grande école sont dix fois moindres si l’on habite hors de Paris ou de l’hyper-centre d’une grande métropole).
Plus largement, la France est devenue une constellation de trajectoires complexes et mouvantes. Ce patchwork tranche avec l’image d’Épinal d’un pays qui a organisé son unification politique et sociale autour de l’idée de République « une et indivisible ». Si cette unité n’a jamais été uniformité (la panthéonisation de Joséphine Baker a été l’occasion d’utiles rappels historiques de ce point de vue[16]), il existait toute une série de repères permettant de se positionner socialement. Leur effacement, associé à la démultiplication des inégalités sociales et spatiales, alimente le sentiment général que le voisin est toujours plus privilégié que soi.
Dans ce contexte, les candidats semblent tentés par la recherche de boucs-émissaires ou, de manière moins outrancière mais tout aussi dangereuse, par l’idée de faire le tri entre « mauvais pauvres » et bons pauvres » qui méritent d’être aidés. Ces postures n’ont jamais réglé aucun problème ; ce qui est en question, c’est la capacité collective à forger les leviers qui permettront d’articuler la pluralité des aspirations qui traversent le pays avec un projet social et républicain aux conditions du XXIe siècle.
La politique ne peut plus rien ?
Le quatrième faux-débat instruit le procès de l’impuissance politique. Les multiples reculs de la démocratie face aux dictatures ou aux grandes firmes globalisées, mais aussi les démissions récurrentes face aux marchés (finance, immobilier, chômage, etc.) suscitent une défiance généralisée vis-à-vis de l’action publique. L’augmentation régulière de l’abstention de scrutin en scrutin au cours des dernières décennies illustre ce sentiment : en rapportant le pourcentage de voix au nombre d’inscrits, les maires des communes de plus de 10 000 habitants n’ont été élus que par 20 % des électeurs !
Les Gilets Jaunes sont régulièrement cités comme un exemple paroxystique de cette crise de confiance. Pourtant, toutes les enquêtes sérieuses sur ce mouvement[17] montrent que les citoyens mobilisés déplorent précisément la dépolitisation du débat public et que la demande de régulation et l’idéal égalitaire demeurent fortement enracinés chez eux – en témoignent, entre autres, les mobilisations pour le maintien des services publics dans les espaces de faible densité.
Les crises financière (2008) et sanitaire (2020-2021) ont rappelé si besoin le rôle majeur joué par la puissance publique en France. Face à la pandémie, l’État a pu mettre le pays à l’arrêt par une simple décision, avant d’ouvrir les vannes budgétaires pour prévenir un effondrement économique et social. De leur côté, les collectivités ont su inventer des réponses en urgence pour assurer leurs missions et organiser les solidarités locales. Le système de santé a fait la preuve d’une résilience et d’une efficacité insoupçonnées, au prix d’un mal-être des personnels, dont la dureté des conditions de travail est apparue au grand jour.
Car si les Français sont très attachés à leurs services publics, ils en déplorent leurs dysfonctionnements. La justice est sans doute l’un des plus fragilisés d’entre eux : le délai moyen de traitement des affaires a augmenté de 50 % en dix ans (il est désormais l’un des plus longs d’Europe), tandis le taux et les conditions d’occupation des prisons sont dénoncés par le Conseil de l’Europe comme étant indignes d’un grand pays développé. Mais nos concitoyens pointent aussi les inégalités en matière d’accès à la santé (avec des écarts significatifs dans l’accès aux spécialistes au détriment des habitants des zones rurales et des quartiers populaires), un système scolaire qui reproduit les inégalités au lieu de les réduire (la France est régulièrement épinglée sur le sujet dans le classement PISA) ou une police dans laquelle ils n’ont plus confiance.
Lorsqu’ils abordent ce thème, les candidats se limitent souvent à préconiser des coupes d’effectifs ou, de manière symétrique, à déplorer le « manque de moyens » ; à en appeler à la réaffirmation de l’autorité de l’État ou, de manière symétrique, à demander un énième acte de décentralisation.
Ce débat décisif mérite pourtant autre chose que des caricatures. La crise sanitaire a montré que l’efficacité des pouvoirs publics était conditionnée à la coordination des différents services de l’État avec toutes les strates de collectivités territoriales, mais aussi avec les entreprises publiques et privées, les associations et les collectifs issus de la société civile. C’est dans cet esprit, souple et partenarial, qu’il s’agit désormais de repenser le modèle français.
« No future » ?
Le dernier faux débat est peut-être le plus décisif. Si l’on en croit les scénarios catastrophistes qui s’accumulent de jour en jour, les conséquences irréversibles du changement climatique laissent, en effet, planer le doute sur le fait même qu’il y ait un avenir pour les humains sur la terre – tout étant destiné à s’effondrer. Face à ces perspectives sombres, les tenants d’un positivisme absolu se réfugient dans le déni ou derrière la réponse mécanique par le progrès technologique.
L’ampleur des incertitudes augmente pourtant et affecte déjà le cœur des systèmes économiques et financiers, avec des conséquences directes sur le niveau de vie des habitants (en France, selon les départements, les primes d’assurances sont appelées à augmenter de 100 % à 500 % dans les prochaines années). De même, les premiers signes d’une hausse des risques sanitaires et sociaux se font fortement sentir sur les modes d’urbanisation ou sur l’organisation des circuits de production. Enfin, on dispose désormais d’estimations précises concernant la perte d’espérance de vie localement associée à la pollution et à l’ensemble des activités humaines (jusqu’à trois ans d’écart en fonction des villes de l’hexagone !).
Ces conséquences multiformes seront la source de nouvelles inégalités. Elles appellent des réponses politiques radicales, bien au-delà des « expérimentations » et des « adaptations » à la marge ». De ce fait, elles doivent être urgemment et collectivement discutées.
Finalement, alors que les défis s’accumulent, la confusion qui règne dans l’espace médiatique et politique n’a jamais été aussi grande. Les caricatures qui tiennent lieu de débat éludent la complexité des situations et empêchent d’identifier les questions clefs qui pourraient faire l’objet de controverses utiles au pays.
En attendant, les nombreuses initiatives qui, partout et chaque jour en France, redéfinissent les façons de penser et d’agir, de produire et de consommer restent dans l’ombre, sinon s’épuisent. Il revient aux forces politiques de prendre leurs responsabilités en créant des espaces de discussion qui leur soient dédiés. À cette condition, elles joueront pleinement leur rôle dans la transformation du pays et il sera possible de discuter enfin sérieusement de notre situation comme de l’avenir que nous souhaitons pour nous et nos enfants.
C’est bien à cela que devrait servir une élection présidentielle.
NDLR : Aurélien Delpirou et Frédéric Gilli viennent de publier 50 cartes à voir avant d’aller voter aux Éditions Autrement.