Traîtres, renégats, relaps et autres convertis
En attendant la déclaration formelle de candidature de la part du président, la campagne présidentielle a souvent donné l’impression d’un sur-place hargneux mais sans éclat. Une primaire citoyenne qui fait long feu et dont le suspens résidait plus dans le nombre de participants et les formes du scrutin que dans le résultat, un meeting réussi ici ou là, dont les effets semblent rapidement évanouis, quelques propositions censées faire la différence mais qui sont vite rabotées ou remisées au magasin des accessoires inutiles, de mornes sondages égrenés à longueur d’antenne ou de colonnes dans lesquels on nous invite à voir des changements alors que les positions semblent figées si l’on tient compte des marges d’erreurs : pas de quoi susciter de la part des électeurs un engouement comparable à celui de la campagne de 2017, si l’on en croit les enseignements d’une enquête publiée dans le journal Le Monde vendredi 11 février.

Mais depuis quelque temps, une série de rebondissements dramatiques et en tout cas dramatisés par leurs protagonistes et par des médias à l’affût de choses neuves à dire sur cette campagne et d’histoires croustillantes fortement personnalisées vient rompre l’ennui. Comme dans toute bonne série, le timing est décisif : il faut laisser passer les fêtes, pendant lesquelles les électeurs ont l’esprit à toute autre chose, pour que Guillaume Peltier, ancien transfuge du Front National, du MNR de Bruno Mégret et du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, passé à l’UMP en 2009, se décide à annoncer ce qui semblait couver depuis plusieurs semaines, à savoir son ralliement à Éric Zemmour et son passage dans une nouvelle structure partisane, Reconquête !.
Le mouvement est lancé ; il ne s’arrête plus. Fin janvier et début février, c’est au tour du RN de connaître une série de départs fracassants, savamment feuilletonnés pour avoir plus d’impact, faire la Une des journaux et tenir en haleine les appareils et les militants : le 20 janvier, Jérôm