Cinéma

Hallucinations collectives ? – à propos de certains engouements unanimes récents de la critique cinéma

Journaliste

Trois films plébiscités par la critique et le public mais qui ne mériteraient pas de pareilles louanges, selon Serge Kaganski. Indulgence post-Covid ? Adulation d’auteurs américains ? Retour sur Annette, Licorice Pizza et The Souvenir, et leur réception paradoxale.

Je suis un critique de cinéma vétéran qui va moins souvent aux projections de presse et rattrape certains films dans des conditions « normales », soit après leur sortie et leur accueil critique, en salle, au milieu du public non professionnel. Ainsi ces dernières semaines suis-je allé voir Annette, Licorice Pizza et The Souvenir en étant particulièrement motivé par une réception critique dithyrambique et un bouche-à-oreille favorable.

Pour Annette, le désir allait de soi pour moi puisque j’admire Leos Carax depuis ses débuts et que je n’oublierai jamais l’exclusif et fantastique entretien qu’il avait accordé aux Inrocks au moment des Amants du Pont-Neuf. Pour Licorice Pizza, c’était moins évident : je suis généralement peu réceptif au cinéma de Paul Thomas Anderson mais j’étais très attiré par ce que ce nouveau film promettait de légèreté, d’esprit pop-rock, de renouvellement de la part de son auteur, de découverte de jeunes acteurs et de regard sur Los Angeles, une ville où j’ai vécu durant la moitié des années 80. Enfin, concernant The Souvenir et Joanna Hogg, je n’avais jamais entendu parler de cette cinéaste anglaise mais son film portait la promesse de la découverte d’une œuvre et d’une artiste, promesse toujours aussi désirable pour le spectateur que je suis après cinquante années de cinéphilie dont trente-cinq de critique et de journalisme.

publicité

Il se trouve que j’ai été extrêmement déçu par ces trois films, douche aussi froide que fut brûlante l’unanimité louangeuse les accueillant. (J’aurais pu ajouter Un Autre monde de Stéphane Brizé à cette petite liste de déception, mais les journaux les plus sérieux en matière de critique cinéma avaient déjà exprimé leurs réserves au milieu d’un concert médiatique majoritairement élogieux).

Que l’on comprenne bien le propos que j’entends développer : les désaccords entre critiques (et spectateurs) sont chose courante (et même souhaitable) mais il ne s’agit pas exactement de cela ici. Ce qui m’a étonné, qui s’est ré


Serge Kaganski

Journaliste, Critique de cinéma

Rayonnages

Cinéma Culture