Sortez la démocratie de la marge d’erreur !
Monsieur le Président,
Deux portes s’offrent à vous pour entrer dans l’Histoire. Être le premier Président qui devra tous ses mandats au vote barrage contre l’extrême- droite. Être celui qui aura permis à l’extrême droite de s’emparer du pouvoir. Vous jouez actuellement à la roulette russe celle qui s’ouvrira à vous, mais n’y aurait-il pas une troisième porte, avec un peu plus de panache ?

Comme de nombreux politistes l’ont souligné, ce deuxième tour avec Marine Le Pen de 2022 est très différent de celui de 2017 ou de celui de 2002. 2002 a été un séisme face auquel un front républicain sans faille s’était levé pour contenir tout risque de tsunami sur notre démocratie. 2017 nous a surpris, tant par la survenue d’un nouveau duel avec l’extrême droite que par la mollesse du front républicain. Elle fut aussi la première élection au cours de laquelle l’ingérence étrangère s’est emparée de l’arme numérique de l’influence sociale.
Ne nous trompons pas, il ne s’agissait que de fourbir ses armes. Cinq ans plus tard, elles n’en sont que plus redoutables, puissantes de votre passif, et capables de frapper par surprise. Que ce soit une révélation de dernière minute (vraie ou fausse, qu’importe) ou bien l’album photo de cinq années de crises successives présentées sous leur plus mauvais jour, ces campagnes ont désormais le pouvoir de faire basculer en dernière minute quelques pourcents de l’électorat.
Cette incursion gouvernementale en territoire d’extrême droite a laissé des traces pérennes dans l’imaginaire collectif.
Comme il en ressort de vos nombreux et, reconnaissons-le, audacieux bains de foule, beaucoup de concitoyens éprouvent après ce premier mandat, à tort ou à raison, une amertume, et parfois une colère, que la raison peine à calmer. En ligne, toute cause nécessitant un argumentaire de plus de 10 secondes étant perdue, vos calmes justifications auront peu d’effets sur les millions d’électeurs qui y forgent désormais leurs opinions.
À l’heure où beaucoup cla