En vue des législatives, ravivons la démocratie !
Les assemblées et occupations sporadiques et éphémères qui ont suivi l’élimination de Jean-Luc Mélenchon du second tour des élections présidentielles n’auront finalement été que des manifestations de dépit. Et la protestation contre la présence de l’extrême-droite dans le scrutin final n’a pas fait descendre grand monde dans la rue. Ce sursaut d’agitation a plus tenu du rituel d’indignation entretenu par des groupes de militants aguerris que d’un embrasement spontané de la population contre un projet qui met en danger la démocratie et les libertés publiques. On peut le regretter.

Cette indifférence est-elle un effet de la « confusion »[1] ou de la « désorientation »[2] qui règneraient dans les esprits ? Ou l’acceptation résignée qu’un changement de porte-parole de la protestation des laissés-pour-compte du libéralisme a définitivement eu lieu ?[3] Elle témoigne en tout cas de l’état d’atonie politique dans lequel le pays est plongé et de son accoutumance à voir toutes les nuances du racisme et de la xénophobie obtenir le soutien dans les urnes d’une partie du corps électoral[4].
Comment redonner envie de participer à un scrutin qui a cessé d’être conçu comme déterminant ?
Cela ne devrait pas faire oublier un phénomène de première importance : l’engouement d’une large fraction de cette jeunesse qui avait l’habitude de se tenir à l’écart des urnes en faveur d’une liste, celle de l’Union populaire, qui est parvenue, à l’étonnement général, à cristalliser ses frustrations, ses colères et ses peurs. Et, chose encore plus inattendue, ce phénomène s’est également étendu à ces zones considérées comme vouées à l’abstention qu’on nomme, de façon délibérément vague, les « quartiers populaires ». Quels seront les lendemains de cette effervescence électorale aussi soudaine qu’inédite ?
Il ne faut pas se faire d’illusion : on sait déjà que, pour ceux et celles qui ont cru qu’une autre élection était possible, le résultat du second tour est forcément désespérant. Il n’a