Mathieu Pernot : « L’Histoire s’écrit en images »
Le photographe Mathieu Pernot s’est fait connaître pour ses séries iconoclastes renouvelant les représentations de nombreux sujets de société. Dès 1995 lors de ses études à l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles, il entre dans l’intimité d’une famille rom, Les Gorgan, et dans « la complexité de la culture tsigane ». Ce travail au long cours mêlant ses photographies à celle de cette famille marque la pratique de l’artiste et fait sa réputation. Ses premiers travaux témoignent de son intérêt pour des sujets engagés qu’il développera et approfondira par la suite comme Les hurleurs sur les « parloirs sauvages » aux alentours des prisons ou Les migrants sur les afghans enveloppés et endormis dans les rues de Paris, première pierre de nombreux projets avec des exilés qui les mèneront jusqu’au Collège de France.

La plupart de ses séries ont été largement exposées et publiées mais ces trois dernières années représentent probablement un tournant dans la pratique de ce photographe, à l’origine peu voyageur, lorsqu’il se rend dans le camp de réfugiés de Moria à Lesbos et qu’il est parallèlement lauréat du prix Henri-Cartier-Bresson avec un projet qui le fait voyager au Liban, en Syrie et en Irak, deux endroits du monde qu’il considère comme des « vases communicants ». Cet itinéraire au Moyen-Orient est au cœur de La ruine de sa demeure, sa dernière exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson visible jusqu’au 19 juin à Paris. Héritant d’un album de photographies ayant appartenu à son grand-père, Mathieu Pernot prend ces images comme point de départ à un voyage parmi les ruines antiques et contemporaines pour faire état de cette aire géographique dévastée par les conflits et les guerres. L’exposition et le livre qui l’accompagne racontent une partie d’histoire familiale peut-être mais le projet interroge surtout la possibilité d’habiter parmi les ruines, la persistance des images et ce qu’elles racontent de notre Histoire. On gardera bien sûr en tê