Assemblée nationale : le défi de l’inédit
Les deux tours des élections législatives de 2022 viennent de désigner les cinq cents soixante-dix-sept députés qui siégeront à l’Assemblée nationale lors d’une seizième législature qui pourrait durer moins de cinq ans au regard des incertitudes suscitées par le nouveau visage du Parlement et qui marque un léger recul, inédit et inquiétant, de la parité femmes-hommes.

Une configuration insolite
La répartition des sièges entre les différents groupes politiques dans la nouvelle Assemblée nationale présente une configuration insolite pour une élection législative organisée au lendemain d’une élection présidentielle sous la Cinquième République. Jusqu’à sept groupes d’opposition pourraient potentiellement être créés (les groupes seront officialisés le 28 juin), dont trois en mesure de déposer une motion de censure et de saisir le Conseil constitutionnel. Si la mandature précédente avait été caractérisée par un record de dix groupes parlementaires, cela avait été provoqué non par la force des oppositions mais par les dissensions internes à La République en marche.
Pourtant uninominal majoritaire à deux tours – c’est-à-dire particulièrement propice à ce que se dégage une majorité nette –, le scrutin n’a pas donné de majorité au Président de la République fraîchement réélu pour un second mandat. Son parti perd même 138 députés entre les élections de 2017 et de 2022 (de 308 députés pour En Marche à 170 députés pour Renaissance). Ensemble ! – coalition des partis Renaissance, Modem, Horizon et du Parti radical – obtient avec 246 sièges une majorité toute relative, loin des 289 sièges nécessaires à une majorité absolue. Au sein même de la coalition pour la majorité présidentielle, le parti d’Emmanuel Macron apparaît affaibli par rapport à ceux de ses deux alliés dirigés pour l’un par son soutien historique François Bayrou, pour l’autre par son ancien Premier ministre Edouard Philippe.
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