Jamie Martin : « L’impérialisme financier n’est pas né avec le néolibéralisme »
Docteur en Histoire de l’université de Harvard, Jamie Martin a publié le mois dernier The Meddlers – « ceux qui s’en mêlent », pourrait-on traduire. Spécialiste de l’histoire de l’économie politique internationale et de l’impérialisme, Jamie Martin analyse la naissance des premières institutions adossées au capitalisme mondial dans une perspective nouvelle, soucieuse de montrer les continuités existantes entre les Empires informels du XIXe et les institutions qui nous sont les plus contemporaines – la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

La période cruciale de l’entre-deux-guerres, dont une étude approfondie des institutions financières manquait encore, permet de reconnaître une conception très particulière du pouvoir, insidieux et forçant à l’austérité sous couvert de porter assistance, une conception qui rappelle les écrits de Wendy Brown sur le néolibéralisme. Balançant entre Histoire mondiale et Histoire totale, ce récit sur la longue durée de la Société des Nations et de la Banque des règlements internationaux travaille, avec une grande rigueur historique, un objet labile : le circuit discret des influences, des jeux d’hégémonie, qui stabilisent les ordres mondiaux et leurs inégalités. BT
The Meddlers répond à un vrai besoin : rendre intelligibles les continuités qui existent entre deux moments historiques bien connus, la « première mondialisation » à laquelle la Première Guerre mondiale met fin, et la reconstruction d’un ordre économique international après 1945. Comment l’histoire économique de l’entre-deux-guerres s’insère-t-elle dans ces deux autres récits ?
Le livre retrace la naissance et l’évolution de la gouvernance économique mondiale. L’histoire de l’invention des institutions économiques internationales a longtemps pris la Seconde Guerre mondiale et en particulier la célèbre conférence de Bretton Woods de 1944 pour terminus a quo. Les États-Unis d’Amérique font irruption en force sur la scène internationale, mettant leur pui