Tragédie à balle(s) – sur Deux secondes d’air qui brûle de Diaty Diallo
Le jour où commence l’écriture de cet article, 8 août 2022, le ministre Darmanin annonce intensifier la lutte contre les rodéos urbains qui tuent des gens. Il vante sur Twitter une productivité certaine : sur les deux mois précédents, « 1 200 interpellations, 700 engins saisis ». Des pages 103 à 108 de Deux secondes d’air qui brûle, Diaty Diallo raconte un de ces rodéos, organisé en hommage au héros mort de son roman : « Une parade de colère, d’autodidactie et de glow, de Baltimore au Botswana, des maisons vides devant lesquelles passent, en I et en Y, des garçons de midi à minuit aux métalleux noirs, madmaxés de cuir et de clous de la tête jusqu’aux pieds. De Bruxelles à Perpignan, ça lève fort, les poignets en rotation, endorphine et sérotonine plein les crânes, l’évacuation des pensées sombres le long de la bande d’arrêt d’urgence. »

Une citation assez exemplaire pour introduire à ce premier roman dont le thème est d’actualité : les relations entre « jeunes de banlieue » et « forces de l’ordre », ainsi que certaines balles perdues en plein crâne lors de « délits de fuite ». Les datations sont ironiques : l’action se situe juste après le 14 juillet. Comme on voit, le style de Diallo sait ici se faire épique, fulgurant, concaténation de désirs, images et références en propositions tronquées pour rendre compte de l’adolescence et de ses frustrations. Il sait faire bien d’autres choses encore, on le verra plus loin.
Darmanin a dit que les « rodéos urbains » n’étaient pas « un mot positif, comme si c’était un spectacle, mais [des] actes souvent criminels ». Dans Deux secondes d’air qui brûle, les personnages ne sont pas d’accord non plus avec l’usage du terme « rodéo urbain ». Eux, ils trouvent que c’est juste un prétexte pour confisquer leurs motos, entre autres brimades. Il y en a d’ailleurs un, Demba, musicien, qui a « essayé d’aller parlementer à la casse – gros j’en ai marre de payer des motos tous les mois rolala –, là-bas c’était un film d’horre