La politique étrangère britannique au tournant
La crise diplomatique entre le Royaume-Uni et la Russie, causée par l’empoisonnement en Angleterre d’un ex-espion russe qui avait travaillé pour les services britanniques, est venue rappeler que la perspective du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, prévue dans un an maintenant, soulève beaucoup de questions sur l’avenir de la politique étrangère britannique et sa capacité à se faire entendre sur la scène internationale. Certains commentateurs se sont demandé si le régime russe n’avait pas aussi cherché à tester la solidarité occidentale et la faiblesse britannique dans le nouveau contexte créé par le référendum du 23 juin 2016. Le Brexit représente incontestablement un défi nouveau pour la diplomatie britannique, à la recherche d’un équilibre entre l’ambition d’une reconquête d’une souveraineté extérieure hors UE et le besoin de conserver l’unité et la solidarité du continent européen.
Jusqu’à présent, la politique étrangère reposait essentiellement sur un double pilier, l’Alliance atlantique et l’Union européenne, auquel s’ajoutaient, dans une moindre mesure, des relations bilatérales avec un certain nombre de pays, notamment du Commonwealth. La « relation spéciale » avec les États-Unis, établie depuis la Seconde Guerre mondiale, avait permis à la diplomatie britannique de préserver une certaine influence malgré la fin de son empire et son déclin relatif, tout en participant à l’établissement des institutions multilatérales garantes de l’ordre libéral depuis 1945, particulièrement les Nations Unies, le FMI, la Banque mondiale ou le GATT. Par sa dimension militaire, à la fois bilatérale et multilatérale au sein de l’OTAN, cette coopération anglo-américaine a aussi aidé Londres à garder son rang de grande puissance. La participation au projet européen depuis 1973, de son côté, lui permettait l’accès au premier marché économique mondial et à une coopération en matière de politique étrangère avec les 27 autres États-membres à l’effe