IA, les enjeux d’un changement de société
À l’entrée, le public avait été filtré : il fallait présenter une invitation nominale. Pourtant, l’amphithéâtre du Collège de France était à son comble ; et l’on n’y comptait, outre de nombreux parlementaires, outre le secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, outre la ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche en Allemagne, Anja Karliczek, outre le commissaire européen à la Recherche, à l’Innovation et à la Science, Carlos Moedas, pas moins de trois ministres de la République française en activité : le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, et la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal. Dans sa courte allocution de bienvenue, l’administrateur du Collège de France, Alain Prochiantz, a rappelé, non sans malice, qu’une situation similaire s’était produite il y a 150 ans, lorsque Claude Bernard remit à l’empereur un Rapport sur les progrès et la marche de la physiologie générale en France destiné à obtenir des financements pour la recherche. Cela aiguisa l’attention du public qui était tout ouïe pour connaître enfin les engagements concrets de l’État en faveur de la recherche et de l’industrie dans le secteur de l’intelligence artificielle. Il faut dire que ceci faisait suite à la stratégie Intelligence Artificielle lancée en janvier 2017 par Axelle Lemaire, puis au rapport très conséquent de l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) de plus de 400 pages sur l’intelligence artificielle, à celui de la CNIL paru en décembre 2017, et, enfin, au document épais coordonné par le député et mathématicien, Cédric Villani, qui a auditionné plus de 300 experts. Ce dernier indiqua, dans sa brève introduction les trois points essentiels de son rapport sur l’intelligence artificielle : l’expérimentation, le partage et la souveraineté que le président de