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La diagonale du peuple : regard sur les élections israéliennes

Sociologue

Israël vote ce mardi 9 avril, après une campagne législative marquée par des débats calamiteux à destination d’une opinion avide de sondages et de fake news. Une campagne qui a surtout témoigné de l’exacerbation du nationalisme et de l’intolérance envers les minorités et les étrangers, de l’effacement du clivage gauche-droite au profit d’une droitisation de la scène politique, et d’un resserrement des liens entre religion et politique.

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Alors que les démocraties occidentales semblent dériver vers des systèmes autoritaires ou « populistes », Israël apparaît depuis des années la comme la pointe avancée de cette droitisation qui se traduit par le recul des composantes libérales laïques, l’affirmation d’un nationalisme exclusif et la non tolérance aux minorités ou aux étrangers. Dans le cas d’Israël, la vision essentialiste de la nation est perceptible dans un style de gouvernement droitier et ethnocratique. Mais le paysage politique actuel met également en évidence une transformation des rapports entre sionisme – comme stabilisation d’une forme politique qui est celle d’un État, et judaïsme – comme signifiant identitaire d’un peuple, et au profit exclusif de ce dernier. En ce sens, les élections législatives qui arrivent témoignent des liens croissants entre identité nationale et politique, mais surtout entre religion et politique, sur fond de précarisation sociale et économique, accentuée par vingt ans de néo-libéralisme.

Une sociologie des partis : fin du clivage gauche-droite et nationalisme

L’offre électorale israélienne est traditionnellement éclatée entre une myriade de partis. La démocratie parlementaire basée sur un scrutin proportionnel et un seuil minimal de 3,25% des voix pour qu’une liste puisse siéger conforte le clientélisme politique et la présence des petits partis indépendants qui souhaitent faire partie d’une coalition gouvernementale. La fragilité du système se reflète dans l’élection à venir, marquée par de nouvelles alliances à droite et au centre, des scissions dans les coalitions du centre et de gauche[1], la fragmentation des partis représentant les Palestiniens d’Israël. Cependant, le paysage, plus resserré autour de 13 partis met en avant deux blocs partisans et leurs alliés.

On trouve au centre, la coalition de Kakhol lavan (Bleu et blanc), symbole de la couleur biblique et du drapeau israélien, sous l’égide du nouveau parti « Résilience » de Benny Gantz, ancien g


[1]  Auparavant, l’Union sioniste comprenait le parti Travailliste alliée au le parti du centre droit Hatnua de Tzipi Livni qui ont rompu leur alliance (le centre droit ne présente pas de candidat).

[2]  Otzma Yehudit se réclame de Meir Kahane, fondamentaliste messianique, anti-arabe et assassiné en 1990 à New York.

[3] Nouvelle Droite soutient la loi sur la loyauté culturelle initiée par la Ministre de la Culture, et privant de subventions toute organisation culturelle ou académique anti-israélienne.

[4] La société israélienne est répartie entre environ 40 % de laïcs, 20 % de nationaux-religieux, 20 % d’orthodoxes et 20%de Palestiniens d’Israël.  Le judaïsme n’est pas une religion d’État mais la déclaration d’indépendance et la Loi de base (servant de constitution) fait référence à la loi Juive (Halakha) tout en inscrivant l’égalité sociale comme pilier de la nation.

[5] Jonction qui avait été tentée, dans une veine dans les années 70 par les Blacks Panthers Israéliens (HaPanterim HaShhorim) : mouvement racial et social éphémère, souhaitant réaliser une jonction entre classes sociales juives et non juives à partir de la critique des conditions économiques, urbaines, sociales. Les leaders étaient des mizrahim, quelquefois observants.

Sylvaine Bulle

Sociologue, Professeure à l'ENSA de Paris Diderot

Mots-clés

Populisme

Notes

[1]  Auparavant, l’Union sioniste comprenait le parti Travailliste alliée au le parti du centre droit Hatnua de Tzipi Livni qui ont rompu leur alliance (le centre droit ne présente pas de candidat).

[2]  Otzma Yehudit se réclame de Meir Kahane, fondamentaliste messianique, anti-arabe et assassiné en 1990 à New York.

[3] Nouvelle Droite soutient la loi sur la loyauté culturelle initiée par la Ministre de la Culture, et privant de subventions toute organisation culturelle ou académique anti-israélienne.

[4] La société israélienne est répartie entre environ 40 % de laïcs, 20 % de nationaux-religieux, 20 % d’orthodoxes et 20%de Palestiniens d’Israël.  Le judaïsme n’est pas une religion d’État mais la déclaration d’indépendance et la Loi de base (servant de constitution) fait référence à la loi Juive (Halakha) tout en inscrivant l’égalité sociale comme pilier de la nation.

[5] Jonction qui avait été tentée, dans une veine dans les années 70 par les Blacks Panthers Israéliens (HaPanterim HaShhorim) : mouvement racial et social éphémère, souhaitant réaliser une jonction entre classes sociales juives et non juives à partir de la critique des conditions économiques, urbaines, sociales. Les leaders étaient des mizrahim, quelquefois observants.