Retraites : ce que les mobilisations des indépendant·es nous disent… et ceux qu’elles laissent de côté
« Va falloir dire à nos enfants d’investir dans l’immobilier ! » Ces quelques mots, lâchés avec colère et résignation par l’une des auditrices de la conférence dédiée au projet de réforme des retraites organisée lors du séminaire de rentrée de l’Union Nationale des Professions Libérales (UNAPL), sont révélateurs des oppositions que nourrissent les travailleur·ses indépendant∙es à l’égard de leur intégration à un régime universel de protection sociale. Les professions libérales en particulier sont ainsi les premières à être descendues dans la rue en septembre 2019 pour manifester leur opposition à l’actuel projet de réforme des retraites et ses promesses d’un régime universel agrégeant les 42 régimes autonomes actuels.
Si elles restent rares, ces mobilisations ne sont pas une surprise, car elles s’inscrivent à la fois dans une histoire sociale longue et dans des pratiques spécifiques qui témoignent d’un rapport particulier à la protection sociale. Elles rappellent d’abord que la défense des retraites n’est pas une mobilisation propre aux salarié∙es du public, notamment du secteur des transports, comme l’ont encore tout dernièrement insinué certains membres du gouvernement et de la majorité.
Leurs revendications, qui visent à préserver une certaine manière de fabriquer sa retraite tout au long de la vie, permettent ensuite d’interroger les logiques de capitalisation qui alimentent à bas bruits cette réforme et qui ont tout dernièrement été favorisées par la loi PACTE. Les sociétés d’assurance ne s’y sont d’ailleurs pas trompées, comme en témoignent les lancements simultanés de plusieurs campagnes de publicité vantant les mérites de tel produit d’épargne ou tel fond d’investissement. À l’heure où s’ouvrent des mobilisations sociales d’envergure, il s’agit ici de penser les retraites depuis les marges du salariat.
Des groupes professionnels historiquement mobilisés contre la socialisation de la protection
Revenons sur ces quelques mots introductifs afin de mi