L’humanité habite le Covid-19
Les humains sont une espèce parmi d’autres, une épidémie est un événement historique parmi d’autres. Ce qui se passe en ce moment est relativement banal en tant que processus biologique : un virus endémique dans certaines espèces peut, dans des circonstances aléatoires (mutation, contact inter-espèces), en affecter une autre, affaiblir ou tuer certains de ses membres, diffuser dans une partie de son biotope puis finir par disparaître, jusqu’à la prochaine mutation ou le prochain contact. Quel sera l’impact du Covid-19 ?

On sait qu’il est plus contagieux (l’indice R0 se situerait autour de 2,5) que la grippe saisonnière (1,3), mais moins que la rougeole (12 à 18) ou du rotavirus des gastro-entérites (18). [1]Le taux de létalité du Covid-19 est faible. Si l’on en croit les données sud-coréennes où des tests ont été massivement effectués, le nombre de décès doit être multiplié par 100 pour nous donner une idée du niveau de propagation, soit une létalité de 1%.
L’indicateur le moins biaisé par la diversité des pratiques nationales ou régionales se révèle être la surmortalité par habitant. [2] Dans le Hubei, où l’épidémie semble circonscrite fin mars 2020, elle est de 5,4 décès pour 100 000 habitants. Nous sommes loin de la « grippe espagnole » de 1918-1919 et ses vingt à cent millions de morts (1 à 5% de la population mondiale). Chaque année, la surmortalité mondiale liée à la grippe oscille entre 300 000 et 600 000 personnes (environ 10 000 morts en France), sans que cela fasse événement.
Quant aux épidémies de grippe de 1957 (« asiatique ») et de 1968 (« de Hong Kong ») qui ont tué respectivement deux millions et un million de personnes, elles ont laissé relativement peu de traces dans les mémoires. Un taux de mortalité similaire à la grippe de 1968, 33 pour 100 000 habitants, signifierait, pour l’actuelle pandémie, la mort de 2,6 millions d’individus.
On en est, le 25 mars, à 20 000 et, si une augmentation à ce point spectaculaire des contaminations n’est pas strict