Panique virale : comment ne pas rater la catastrophe ?

Mieux vaut parler de la « catastrophe » que de la « crise » du coronavirus. Parler de crise implique que ça va passer, que l’immense majorité d’entre nous s’en remettra, et qu’il faut travailler pour qu’un retour à la normale se fasse au plus vite. Parler de catastrophe signifie, étymologiquement, que nous vivons un effondrement qui va « retourner » durablement nos existences, les mettre sens dessus dessous. Nous avons besoin d’une telle catastrophe pour renverser les trajectoires qui nous enfoncent déjà à tombeau ouvert dans des situations infiniment plus terribles encore qu’un (très) mauvais épisode grippal, aussi dramatique et douloureux que soit ce dernier pour les familles affectées.
Trois horizons des catastrophes en cours
On peut distinguer trois temporalités et trois enjeux majeurs dans la catastrophe en cours. D’abord un horizon sanitaire de court terme : il s’agit ici, à l’échelle des jours qui viennent, de multiplier les lits d’hôpitaux pouvant soigner en urgence les déficiences respiratoires causées par le Covid-19. La majorité des préoccupations reflétées par les journaux télévisés, radios majoritaires et autres chaînes d’information en continu sont obnubilées par cette urgence. Il en va de nos vies, de celles de nos proches et, bien entendu, tout le possible doit être fait pour les sauver dans l’immédiat.
Cette urgence sanitaire est toutefois l’occasion d’une remise en cause relevant d’un deuxième horizon, plus large, celui du néolibéralisme, dont nous sommes nombreux à souhaiter que le conoravirus sanctionne l’effondrement terminal. L’épidémie, et le soutien populaire qu’elle génère pour les soignant·es héroïsé·es, applaudi·es chaque soir à 20 heures, semblent arriver à pic pour dénoncer les politiques d’austérité menées depuis 30 ans contre les services publics, sous-financés, pressurisés, bureaucratisés, privatisés. C’est « le prix du bon marché » (imposé par l’idéologie compétiviste) que nous payons aujourd’hui faute d’avoir investi dans la précau