Poutine président perpétuel
Le 1er juillet prochain, l’approbation des amendements à la Constitution de la République fédérale de Russie de 1993 obtiendra la majorité. La modification la plus importante mais pas la seule, et qui du reste par tactique n’a pas été mise en avant lors de la campagne électorale, est la possibilité pour l’actuel président de la République Vladimir Poutine de se faire élire pour deux nouveaux mandats de six ans au terme de son mandat actuel. Poutine, dont le premier mandat date de 2000, pourra se succéder à lui-même jusqu’en 2036 ; il aura alors 84 ans.
Il affirme l’impératif de « stabilité » pour la Russie qu’il veut incarner. Le vote était programmé pour le 22 avril mais la pandémie de Covid-19 a contrarié ce plan. Le référendum devait précéder de quelques jours une cérémonie majeure le 9 mai 2020, avec des défilés dans beaucoup de villes russes, pour marquer le 75e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne. Mais la pandémie a conduit à un report au 24 juin sans les avantages d’une date emblématique. Une partie de la cérémonie est gâchée car des chefs d’État étrangers qui devaient assister à la célébration du 9 mai ne sont pas présents, notamment Emmanuel Macron et Xi Jinping .
Pour mesurer la portée des amendements votés le 1er juillet, il faut rapidement décrire la structure d’ensemble des institutions adoptées en 1993 sous Eltsine. Puis montrer comment les transformations en cours produisent un durcissement idéologique spécialement patriotique, pour ne pas dire nationaliste. Et enfin on pourra relever quelques traits de la campagne électorale.
Après la période communiste, la Constitution de 1993 fait de la Russie un « État de droit démocratique et fédéral » avec une forme républicaine. Elle énonce quelques principes comme la séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Elle énumère aussi une série de garanties pour le citoyen : droit de propriété, laïcité, « pluralisme idéologique », « pluralisme politique », liberté de conscien