Violences policières en France : production de connaissances et mise en évidence d’un problème public
Le débat sur les violences policières et le racisme au sein de la police est au cœur de l’actualité en France. Plusieurs rassemblements ont été organisés pour demander « vérité et justice » pour Adama Traoré, Angelo Garand, Wissam el Yamni, entre autres. Parallèlement, le Défenseur des droits a rendu une décision dénonçant un racisme systémique dans les pratiques de la police du 12e arrondissement de Paris, dans le cadre d’une procédure judiciaire en cours.
Dans ce contexte, débats et controverses se multiplient. Certains y voient une tentative de profiter de l’actualité états-unienne pour importer des problématiques qui n’ont pas lieu d’être en France. D’autres soulignent la récurrence du problème en France, citant des précédents anciens tels que la mort de Malik Oussekine voire les violences de l’ordre colonial.
Pour comprendre l’ampleur des manifestations récentes, la décision du Défenseur des droits, et le débat public actuel, il est éclairant de les mettre en perspective, au regard du travail de longue haleine mené par des victimes, des militants, et des experts, entamé il y a plusieurs décennies, pour rendre visible et dénoncer des pratiques policières et judiciaires abusives, violentes, et discriminatoires en France.
Dès les années 1970 et 1980, les rébellions urbaines contestant les violences policières envers les populations immigrées dans la banlieue lyonnaise ont été l’un des vecteurs de la mobilisation pour la Marche pour l’Égalité et Contre le Racisme de 1983. Dans les années 1990, le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues a formé une génération de militants dans les quartiers populaires qui ont construit un répertoire d’actions pour demander « vérité et justice » suite à plusieurs décès causés par la police (marches, contre-enquêtes, suivi approfondi de l’enquête judiciaire, communication avec les médias). Dans la continuité de ces luttes, des familles de victimes de violences policières, des militants des quartiers populaires et des