Quelle 5G ? Pluralisme des stratégies de réseaux
Est-il encore temps d’avoir un débat stratégique sur la 5G ou doit-on se contenter des a priori pour ou contre et de suivre la tendance générale puisque « tous les autres pays » ont déjà alloué leurs fréquences ? La Suisse, qui l’avait fait très tôt, vient pourtant de tout arrêter au moment des installations d’antennes devant la levée de bouclier des citoyens. Si le débat n’a pas lieu maintenant, on voit bien qu’il va certainement émerger plus tard et de façon beaucoup moins modérée.
Dans cette façon binaire de poser le débat, on perçoit bien l’absence de pensée stratégique (pour l’industrie française et européenne, pour les consommateurs et les citoyens) et le suivisme total vis-à-vis des offensives des firmes technologiques en faveur de « la 5G » à tout prix, sans entrer dans les détails.
Voilà un indice qui devrait nous mettre la puce à l’oreille : selon les arguments, les interlocuteurs changent de 5G. Il existe en fait plusieurs 5G. Le débat public mériterait d’être posé clairement en partant des dispositifs techniques qui sont réellement en cause. Il existe en effet trois bandes de fréquence qui vont être allouées aux opérateurs avec des performances et des finalités très différentes. Mais une fois que le débat sur le débat est lancé avec autant d’a priori, on ne prend même plus le temps d’expliquer ce que comprend ce package qu’on nous présente comme un tout – « LA 5G » – et comment nous pourrions le décomposer, le recomposer et choisir entre plusieurs politiques de fréquence dans ce cas.
De la même façon que le débat public sur les nanotechnologies a été saboté par un trop haut niveau de généralisation (quel rapport entre les nano des cosmétiques et celle des matériaux ?), le débat sur la 5G est noyé dans un flot de principes a priori où l’on ne peut travailler à composer avec la technique, ce que Bruno Latour proposait dans son Manifeste compositionniste et que nous avions développé comme méthode dans notre revue Cosmopolitiques. Mais il faut dir