Le procès des attentats de janvier 2015 : l’histoire, les attentats et la pandémie
Le 16 décembre 2020, la cour d’assises spéciale de Paris a condamné 14 accusés à des peines allant de la perpétuité à quatre ans de détention pour leur participation aux attentats de janvier 2015 contre le journal Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Au bout de deux mois et demi d’audience, entrecoupés d’un mois de suspension, le premier procès pour actes de terrorisme qualifié « d’historique » par les autorités judiciaires a donc enfin pu connaître son verdict.
Devant se dérouler à l’origine du 2 septembre au 10 novembre, la temporalité de ce procès des attentats de janvier 2015 a été télescopée par des événements qui seront eux aussi qualifiés d’historiques, entre urgence sanitaire et terroriste. Devenu pour Charlie Hebdo le chroniqueur de ce procès, l’écrivain Yannick Haenel, dont les articles ont été cités et lus par la grande majorité des parties de l’audience, interroge en pleine suspension la signification historique de ce procès et de ses soubresauts : « Pourquoi le sort s’acharne-t-il ? Et justement, un sort n’a-t-il pas été jeté sur ce procès ? J’écris cette phrase en souriant : quel tortueux marabout viserait ainsi à rendre impossible la reprise des débats ? Et pour défendre quels intérêts ? La question du sort qui est réservé à ce procès est plus sérieuse qu’une folklorique malédiction : elle relève de l’Histoire » (Chronique du 24 novembre 2020).
L’histoire de cette audience s’est donc inscrite dans une temporalité heurtée par un contexte singulier entre suspensions en raison de cas de Covid-19 dans le box des accusés et attentats contre les anciens locaux du journal Charlie Hebdo, l’église de Nice et le professeur Samuel Paty. Ces événements vont dès lors introduire de nouvelles temporalités aux effets très concrets sur le rituel des assises que ce soit sur le plan juridique, politique ou symbolique.
Temporalité de l’histoire tout d’abord, qui a eu des effets sur l’organisation même d