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Le cas du président Trump ou l’impossible empêchement

Sociologue

L’inaptitude psychiatrique de Donald Trump à gouverner a été discutée pendant tout son mandat. Pourtant, après l’ultime extravagance du président américain et son appel à prendre d’assaut le Capitole lancé le 6 janvier 2021, le vice-président Mike Pence s’est refusé à contester la capacité mentale de Trump à gouverner, et à invoquer le 25e amendement de la Constitution. À l’issue de ces quatre années de chaos, une question reste donc en suspens : un candidat ou un élu doit-il être soumis à une expertise psychiatrique pour être autorisé à se présenter aux élections ou confirmer sa victoire ?

Donald Trump aura donc réussi le plus difficile : mener son mandat à son terme. Car ce n’était pas gagné d’avance : comment est-il parvenu à rester aux commandes de la première puissance du monde tout en étant régulièrement traité de leader désastreux, disruptif ou imprévisible ; parfois de sociopathe, de paranoïaque, de mégalomane narcissique, d’enfant gâté, d’instable, de colérique, de dérangé ; ou accusé de vivre dans une « réalité alternative » de laquelle il ne peut pas s’extraire ?

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La clé de cette énigme tient d’abord à un phénomène : il semble assez inapproprié d’envisager les décisions du président des États-Unis comme le produit d’un choix totalement arbitraire ou uniquement motivé par la rancœur, le ressentiment ou les traumas d’une enfance terrifiante. L’inaptitude psychique de Trump à gouverner a souvent été évoquée dans les coulisses du pouvoir, par les hauts fonctionnaires sèchement virés ou par des chefs d’État stupéfaits ou embarrassés par ses lacunes et ses incartades. Mais jamais la question de savoir s’il a toute sa raison n’a jamais été ouvertement posée.

C’est qu’elle aurait renvoyé à un problème aussi délicat qu’insoluble : un candidat ou un élu doit-il être soumis à une expertise psychiatrique pour être autorisé à se présenter aux élections ou confirmer sa victoire ? Le cas Trump est une bonne illustration de ce problème dans la mesure où un collectif de psychiatres n’a cessé d’alerter le public des dangers qu’il faisait courir au pays en étant chaque fois rappelé à l’ordre par les instances officielles de la profession. Cette querelle est instructive.

C’est l’histoire d’un mec qui voulait faire président

Les grands malades sont opiniâtres. Pour réaliser son caprice, Donald Trump a d’abord dû forcer l’accès à une investiture en humiliant, sur un ton aussi débonnaire qu’impitoyable, ses concurrents à l’occasion de la campagne pour les primaires républicaines. Etonné par le succès de cette opération, il a même constaté, avec cette inn


Albert Ogien

Sociologue, Directeur de recherche au CNRS – CEMS

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